Besoins continus de logements, croissance des réseaux de transport urbains, aménagement des routes pour fluidifier le trafic, centres commerciaux qui poussent comme des champignons : en ville il n’est pas toujours évident de profiter de la nature. Pour y remédier, de plus en plus de particuliers, entreprises et administrations publiques ont recours aux toits végétalisés. Qu’ils soient décoratifs ou cultivables, ces nouveaux espaces verts sont relativement simples à installer. Europe 1 vous aide à vous lancer.
Qui peut installer un toit végétalisé ?
A peu près tout le monde. "Nos clients sont des particuliers, des entreprises et des collectivités locales", nous explique-t-on chez Ecovegetal, entreprise spécialisée dans les toitures végétales, installée en Eure-et-Loir. Maisons, immeubles anciens et nouveaux, centres commerciaux, bâtiments publics : n’importe quel toit peut être mis au vert. Enfin presque, il y a tout de même quelques conditions.
Pour les particuliers vivant dans une maison, la première condition est évidemment d’être propriétaire. Dans un immeuble d’habitation, une telle décision doit obligatoire passer par le syndic de la copropriété et approuvée par l’ensemble des copropriétaires. Ensuite, il faut que le toit soit aménageable. Qu’il soit plat ou en pente, peu importe pour une végétalisation. "Si le bâtiment existe déjà, il est impératif qu’il dispose d’une étanchéité anti-racines, pour éviter les infiltrations d’eau dans le béton. Il est important aussi de connaître le poids admissible de la toiture. Un parterre ce n’est pas très lourd, mais un potager oui, on ne peut pas en mettre partout", nous détaille Ecovegetal.
En quoi ça consiste ?
Pour verdir son toit, il y en a pour tous les goûts. Le plus simple en la matière est d’installer un tapis de plantes grasses, épais de quelques centimètres seulement et qui donne un aspect "pelouse" à la toiture. On peut aussi opter pour une "prairie végétale", avec une diversité de plantes plus importante (fleurs, petits arbustes) et donc un relief plus élevé. Dans les deux cas, il est possible de recouvrir entièrement la surface de la toiture ou bien de l’aménager afin d’en faire un lieu de vie, avec chemins et salons d’été. C’est notamment le choix qui a été fait pour le nouveau Palais de Justice de Paris.
Enfin, pour les amateurs de jardinage, les toits peuvent être transformés en potagers. Bacs, petites serres, rangées de plants : cultiver ses fruits et légumes sur son toit, c’est tout à fait possible. C’est notamment ce qu’a réalisé la société Topager en installant un jardin thérapeutique sur le toit du centre d’accueil pour adultes handicapés Robert Doisneau, à Paris. Un potager au-dessus de son bureau, c’est aussi l’occasion de se reconnecter au rythme de la nature.
Quels qu’ils soient, les toits végétalisés présentent de nombreux avantages : ils drainent l’eau de pluie (de 70 à 100%), évitent le ruissellement, absorbent la pollution et agissent comme un régulateur thermique (jusqu’à quatre degrés de plus en hiver, quelques degrés de moins en été).
C’est compliqué ?
Pas forcément. Il existe aujourd’hui de nombreuses entreprises qui proposent des packs installation et entretien aux particuliers et aux professionnels. Elles s’occupent de tout, du diagnostic d’éventuels travaux complémentaires au suivi des plantes. Pour les entreprises, c’est un passage obligé car les surfaces sont souvent conséquentes (plusieurs centaines de mètres carrés).
Mais les particuliers les plus volontaires peuvent aussi se lancer eux-mêmes dans l’aménagement de leur toiture, à condition d’avoir un peu de temps. Il faut d’abord s’assurer que son toit peut accueillir de la végétation. Dans certains cas, notamment si vous souhaitez installer des arbustes ou un potager, il faut avant toute chose renforcer l’armature du toit. En ce qui concerne la végétalisation, la première étape est l’installation d’une membrane d’étanchéité anti-racines. Puis, il faut ajouter un tapis de rétention et un tapis d’irrigation. Entre les deux, on peut ajouter du terreau. Au-dessus, il faut connecter un système d’irrigation, identique à celui d’un petit potager de jardin. Tous ces éléments peuvent être trouvés dans les jardineries et les grands magasins d’outillage. Le web regorge de tutoriels comme celui-ci :
Combien ça coûte ?
Tout dépend de ce que voulez installer. Pour un tapis de plantes grasses, un "sedum" basique, il faut compter de 40 à 80 euros le mètre carré. Le prix est moins élevé pour les professionnels, la surface à couvrir étant généralement supérieure à celle des particuliers. Vous pouvez choisir de prendre du végétal semé (moins cher) ou du pré-cultivé pour les moins patients (plus cher). "Plus les plantes sont variées et plus la couche de terre est élevée, plus le prix augmente", renseigne-t-on chez Ecovegetal. Pour une maison de 90 mètres carrés, le prix d’une végétalisation totale varie donc entre 3.500 et 7.000 euros.
Un prix élevé mais que de plus en plus de Français sont prêts à payer selon l’entreprise. "En huit ans, nous avons vu le nombre de clients augmenter régulièrement. Surtout, les pratiques ont changé. Il y a de plus en plus de clients sensibles aux questions environnementales qui habitent en ville et souhaitent adopter l’agriculture urbaine : jardinières, ruches…", indique-t-on chez Ecovegetal. Que l’intérêt soit esthétique, écologique ou alimentaire, les toits végétalisés prennent racine.
L’émission Circuits Courts du jeudi 19 avril était consacrée aux avantages des toits végétalisés et des potagers. Autour d’Anne-Laure Jumet et François Geffrier : Nicolas Bel, fondateur de Topager, une entreprise de paysage urbain comestible et sauvage et Alexandre Dubernard, président et fondateur de Mon Toit Vert, entreprise de toits et murs végétalisés