Le quartier du Mirail reste sous tension. Pour la deuxième nuit consécutive, entre lundi et mardi, ce quartier sensible de Toulouse a été le théâtre de violences urbaines et d'échauffourées entre jeunes et forces de l'ordre.
Une vingtaine de voitures incendiées. Dès le début de la soirée à Bellefontaine, des tirs de mortiers ont été lancés depuis les immeubles tandis qu'une barricade en flamme barrait l'une des rues. À la Reynerie et la Faourette, qui composent également le Mirail, des voitures ont brûlé et les CRS ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes. Selon les informations d'Europe 1, 24 voitures ont été incendiées, ainsi que de nombreuses poubelles, et 18 suspects ont été arrêtés et placés en garde à vue. Le calme est revenu vers 1h20, et personne n'a été blessé. Un hélicoptère de la gendarmerie a cependant survolé la zone toute la nuit.
Dans un communiqué, le préfet d'Occitanie Pascal Mailhos a précisé que ces interpellations concernaient "des faits de violences, de destruction de biens par incendie, et d'outrage".
Des jets de pierres contre un commissariat dimanche. Dimanche soir, une centaine de jeunes s'étaient déjà confrontés aux forces de l'ordre. Dix voitures avaient été brûlées, ainsi qu'un engin de chantier. Le commissariat de Bellefontaine avait lui été visé par des jets de pierres. Aucune interpellation n'avait alors eu lieu.
Des violences dont la cause reste à déterminer. Tout serait parti du suicide d'un jeune détenu originaire du quartier, retrouvé pendu dans sa cellule de la prison de Seysses, samedi. Selon une rumeur, alimentée par les réseaux sociaux, il aurait été tué par des surveillants. Mélissa le connaissait et ne croit pas à son suicide. "C'était une personne forte mentalement. Alors son suicide me paraît impossible. Je n'y crois pas", témoigne-t-elle au micro d'Europe 1, mardi. "On veut savoir ce qui s'est passé réellement et apaiser les choses. La situation s'aggrave de jour en jour. Demain, ce sera quoi ?", s'alarme la jeune femme.
Selon le Directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) adjoint, le commissaire Arnaud Bavois, la tension est montée après le contrôle d'une femme voilée, qui effectuait son jogging et aurait refusé de se soumettre aux vérifications de la police.
La police met en avant un "contexte global". Didier Martinez, du syndicat SGP-Police, émet encore une autre version. Pour lui, les dealers cherchent simplement des prétextes pour faire sortir la police du quartier. "Depuis quelques semaines, on assiste à une offensive de la police dans ces quartiers, qui porte atteinte aux trafics. On a fait de grosses saisies. Dès lors que la police fait son travail et occupe les quartiers, tout est prétexte à en découdre", assure-t-il au micro d'Europe 1. "On peut donc considérer que le contexte global explique un peu cette montée en tension, mais ne justifie en rien de telles prises à partie de nos collègues", défend-il.
Mardi soir, le dispositif policier est maintenu, et la vente de carburant en jerrycan reste interdite. Une enquête pour déterminer précisément les causes de la mort du jeune détenu a été confiée à la brigade de recherche de Muret.