Le chef de chœur de la maîtrise du conservatoire de musique de Tours a été mis en examen et incarcéré lundi pour viols et agressions sexuelles sur mineurs par personne ayant autorité, a indiqué mercredi le parquet de Tours. L'homme, âgé de 60 ans, a également été mis en examen pour "administration de substances nuisibles". Il fabriquait lui-même des pilules, notamment à base de somnifères, qu'il faisait prendre à des élèves en assurant qu'ils éviteraient ainsi de contracter "des maladies ou des rhumes des foins", a indiqué le procureur de la République de Tours Jean-Luc Beck. Le rôle exact de ces pilules sera déterminé lors de l'instruction, a précisé le procureur.
Six victimes témoignent. "Six à sept jeunes garçons" ont été entendus par les enquêteurs, faisant état d'actes de pénétration sexuelle commis alors qu'ils étaient âgés de 13 à 16 ans, lors de voyages à Paris pour des concerts organisés depuis 2014 par l'enseignant. Contrairement à ce qu'il prétendait auprès de ses élèves, ces séjours étaient organisés pendant des week-ends à l'insu du conservatoire, a indiqué le magistrat. Le procureur de la République a lancé un appel pour que d'éventuelles autres victimes se fassent connaître. L'enseignant, dont l'identité n'a pas été révélée, "reconnait la matérialité des relations à caractère sexuel, mais nie toute forme de contrainte ou de violence", a indiqué le magistrat.
Au micro d'Europe 1 jeudi, Marc, qui suivait les cours du chef de chœur, assure que ce dernier est "quelqu'un de compétent", "à l'écoute des élèves". "Il n'avait pas l'air d'un prédateur sexuel. J'espère qu'il va payer pour ce qu'il a fait", confie-t-il.
Déjà condamné en 2005, puis relaxé. L'homme avait déjà été poursuivi pour des faits similaires. Il avait été condamné à trois mois de prison avec sursis le 2 juin 2005 par le tribunal correctionnel de Tours pour agressions sexuelles sur un mineur. Il avait ensuite été relaxé le 28 septembre 2006 par la cour d'appel d'Orléans. Les magistrats avaient notamment pris en compte en appel le fait qu'il était "unanimement apprécié par les parents des enfants dont il s'occupait" et qu'un examen psychiatrique permettait "d'exclure toute tendance pédophile". L'enseignant, qui avait été suspendu, avait alors engagé une procédure contre la ville de Tours, et obtenu sa réintégration au conservatoire.
"Une intelligence machiavélique". Se déclarant "ému" lors d'une conférence de presse, le maire de Tours Christophe Bouchet (UDI) a exprimé sa "solidarité et compassion" à l'égard des victimes et de leurs familles. Au micro d'Europe 1 jeudi, il a décrit l'enseignant comme "un personnage doté d'une intelligence machiavélique." Le maire de Tours a par ailleurs affirmé que l'enseignant avait "mis en oeuvre toute une série de mesures pour déjouer la vigilance renforcée" dont il était l'objet depuis sa réintégration. En raison du "doute" qui subsistait à son égard, "la direction du conservatoire avait une vigilance de tous les instants", a-t-il assuré. Christophe Bouchet, qui rencontrera mercredi soir à huis clos les parents des enfants de la maîtrise, a notamment indiqué que le chef de chœur "utilisait le nom du conservatoire et fabriquait des faux" pour faciliter ses agissements.