La cité phocéenne est-elle la seule ville de France gangrénée par le trafic de drogue ? La semaine dernière, Marseille, décrite désormais comme une narcoville, a fait beaucoup parler d'elle avec la visite surprise d'Emmanuel Macron. Mais il y a une autre cité en France où certains quartiers sont aux mains des dealers et où les règlements de compte sont fréquents : Grenoble. La capitale des Alpes a été le théâtre il y a seulement une semaine d'une fusillade entre trafiquants dans le quartier Saint-Bruno, situé en plein centre-ville. Le dernier règlement de compte d'une longue liste depuis deux ans. Si bien que pour certains habitants, le quartier Saint-Bruno est un quartier sinistré.
"Ça devient grave"
Une grande place et un jardin d'enfants, juste devant une église, l'église Saint-Bruno : voici LE quartier de la drogue à Grenoble, en plein centre-ville. Un quartier devenu impossible comme le décrit Nathalie, une habitante. "Ça devient grave. Dans les rues, il y a des revendeurs de drogue partout. Ils ne se cachent pas en plus. Ils sont dans la rue, au vu de tout le monde. Tout le monde peut y aller, ils ont les sacs plastiques à côté, il n'y a pas de souci pour eux", déplore-t-elle au micro d'Europe 1.
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La fusillade de lundi a rappelé celles, nombreuses, de l'été dernier. Gaël, qui vient régulièrement dans le quartier prend ses précautions. "On a peur. On a toujours un regard derrière, devant, sur les côtés. On fait très attention", explique-t-il. Les étudiants, eux, évitent Saint-Bruno, à l'image de Léa. "Le soir, on entend souvent des coups de feu. Donc la nuit, il faut vraiment faire attention, on ne passe pas par-là", reconnaît l'étudiante.
Un quartier que ne reconnaissent pas André et Chris qui y habitent depuis plusieurs décennies. "C'est affreux, c'est devenu affreux ! Moi je n'ai pas l'esprit libre dans le quartier, je ne suis pas tranquille. C'est vrai on sort avec l'angoisse maintenant. Je vois les jeunes qui sont dans la rue juste à côté là-bas, ils planquent la drogue sous les pare-chocs des voitures. Il doit y en avoir un ou deux qui ont 17 ou 18 ans, le reste ce sont tous des mineurs. Ce qu'on raconte sur Marseille, et bien ici, je retrouve exactement la même description en fait", estime-t-il. Grenoble, un petit Marseille où les CRS sont présents depuis une semaine. "Mais que va-t-il se passer quand ils partiront ?", questionnent, angoissés, les habitants