Un homme soupçonné d'actes de cruauté envers des veaux en transit près de Cherbourg, sera convoqué prochainement devant la justice, après avoir été libéré de garde à vue vendredi. "L'homme ne conteste pas la matérialité des faits, même s'il minimise", a souligné vendredi le procureur de la République de Cherbourg Yves Le Clair. Sur une vidéo, on voit un homme donner des coups de pieds et de bâtons à des veaux et même sauter à pieds joints sur l'un des animaux, selon le parquet qui a été saisi jeudi par les services vétérinaires.
"Selon les premiers éléments de l'enquête, il s'agit d'un acte isolé", note le procureur. "En l'état, mon enquête porte sur des actes de cruauté par un individu et pas sur le fonctionnement de l'entreprise" qui l'employait au moment des faits, fin mars, a précisé Yves Le Clair. Il a confirmé que les associations L214 et "Eyes on animals" ont porté plainte jeudi soir contre l'ex-employeur de ce salarié, dénonçant la souffrance de ces "sous-produits de l'industrie laitière", comme révélé par Le Parisien vendredi. Elles mettent en cause l'entreprise Qualivia, propriétaire du poste de contrôles des veaux où ces images ont été tournées, à Tollevast, selon le parquet.
Déchets de l’industrie du lait transformés en viande à bas prix, les veaux nourrissons sont transportés plus de 50h à travers l'Europe, assoiffés et apeurés. Stoppons leur calvaire, signons la pétition : https://t.co/wo7oqWupMdpic.twitter.com/6N1N8Zbmou
— L214 éthique & animaux (@L214) 3 mai 2019
"L'enfer du transport sur les routes d'Europe"
"Outre des actes de cruauté, il y a clairement des mauvais traitements", a indiqué l'avocate des plaignants Hélène Thouy. Pour les associations, la vidéo montre que les animaux ne sont pas assez alimentés. Les associations soupçonnent en outre une surpopulation des animaux. Mais selon le parquet, les services vétérinaires n'ont pas signalé d'élément en ce sens. Dans la vidéo envoyée à la presse, qui inclut les images de Tollevast mais pas seulement, les associations entendent dénoncer "l'enfer du transport sur les routes d'Europe des veaux" âgés de deux à trois semaines.
"Ces veaux, à peine sortis du ventre de leur mère, subissent plus de 50 heures de transport dans des conditions terribles", a commenté dans un communiqué Sébastien Arsac, cofondateur de l'association L214, réclamant l'interdiction du transport des animaux non sevrés. Les associations invitent les consommateurs à "remplacer au maximum les produits laitiers par des alternatives végétales". Pour produire du lait, les vaches doivent donner naissance à des veaux. Selon les associations, plus de 1.300.000 veaux nourrissons ont été transportés entre pays européens en 2018. L'Irlande en a exporté plus de 100.000 cette année-là, principalement à destination de "centres d'engraissement intensif" d'Espagne et des Pays-Bas, via Cherbourg, selon elles.