La mesure concernait quelques départements, elle est désormais généralisée à toute la France : face à la propagation de l'épidémie de coronavirus, le couvre-feu est établi à 18 heures dès samedi. Et si la rumeur de cette nouvelle restriction courait depuis quelques jours, son application concrète pose de nombreuses questions en termes d'organisation, à toutes les échelles : celle des villages, des commerces et des familles.
En zone rurale, des commerces ouverts plus tôt le samedi matin
"Dans la semaine, c'est boulot-dodo", témoigne Guillaume, habitant de Rouans, 2.800 habitants, à 30 kilomètres de Nantes. Le couvre-feu met fin à la possibilité de faire une petite course en rentrant chez soi… Et c'est bien ce que déplore Myriam Thomas, gérante d'un salon de coiffure dans le village, et qui assure qu'elle perdra au moins quatre clients par jour en ne prenant plus de rendez-vous après 17h30.
"Les gens qui venaient le soir, c'est parce qu'ils ne peuvent pas dans la journée", souffle-t-elle, craignant que ses clients ne se rabattent sur des établissements proches de leur travail, sur la pause-déjeuner. "La seule solution que je vois, c'est d'ouvrir plus tôt le samedi matin", avance la commerçante.
Un jour de congé par semaine pour aller faire ses courses ?
A Marseille, où le couvre-feu est fixé à 18 heures depuis déjà quelques jours, les habitants se sont déjà posé la question de l'adaptation. Sabrina, mère de famille rencontrée par Europe 1, a ainsi choisi de poser un jour de congé pour aller faire ses courses "pour deux semaines".
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Car avec la fermeture anticipée imposée aux supermarchés, les deux dernières heures d’ouverture des supermarchés sont devenues infernales. "Les clients arrivent à 16 heures après la sortie de l'école, ils n'ont pas le choix. On ne finit jamais à l'heure", se désole Marina, gestionnaire de rayon.
L'impact se mesure donc, aussi, sur le temps de travail des salariés. "On avait déjà eu des soucis la première fois, quand on est passés à 20 heures, pour réorganiser le temps de travail des caissières. Et là, c'est encore plus compliqué", explique Yohan Nezri, responsable syndical CGT Carrefour. Sans compter les conséquences sur l'emploi des intérimaires.
Dans les familles, une nécessaire nouvelle organisation
"On va y arriver" : tel est le mot d'ordre de Camille et Adrien, ostéopathes dans le même cabinet et parents de deux enfants, interrogés par Europe 1. Pour ce couple, qui vit en région parisienne, le couvre-feu est synonyme d'une nouvelle organisation : l'un fera désormais une journée "normale" tandis que l'autre finira beaucoup plus tôt pour aller chercher les enfants chez la nourrice et à l'école… en espérant ne pas tomber dans les bouchons.
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Camille profitera de son jour de congé, le jeudi, pour remplir le frigo. "Des fois, je me prenais des petits moments pour moi, mais là ça va être courses... le week-end ça risque d'être bondé", explique-t-elle. Et le week-end, justement, les parents demanderont aux grands-mères venues voir leurs petits enfants de partir plus tôt : "Elles vont être tristes mais on va les mettre en télétravail aussi… avec la visio !"