"Cela nous est arrivé d'avoir des appels d'adolescents qui, eux-mêmes, avaient conscience du fait qu'ils regardaient trop de pornographie." Le constat posé par Justine Atlan, présidente de l'association e-enfance, est inquiétant. Mais pas irrémédiable, selon elle : invitée d'Europe 1, mardi, à l'occasion du lancement d'une nouvelle plateforme nationale, la spécialiste a livré quelques conseils aux parents perdus face à ces usages, en hausse avec la multiplication des écrans.
Opter pour le contrôle parental
Le but de la plateforme lancée mardi, Jeprotegemonenfant.gouv.fr, est de proposer aux parents "un accès centralisé" à "tout ce qui peut exister, comme ressources, conseils, informations et logiciels de contrôle parental", explique Justine Atlan. Ce dernier levier - consistant à interdire l'accès à certains sites sur les appareils numériques de la maison ou de ses enfants -, a été un peu délaissé avec l'arrivée des smartphones.
"On a eu l'impression que c'était compliqué", note la présidente de e-enfance. Or, des chartes d'engagement ont été signées par tous les fournisseurs d'accès et les opérateurs téléphoniques, qui se sont engagés à proposer ce système pour tous les abonnés de France.
Guetter les changements de comportement
Comment savoir si son enfant a déjà vu des images pornographiques ? La première exposition arrive en général "atour de 11 ans", selon Justine Atlan. "Ça peut être 10 ans, en fonction de l'environnement, des copains, des plus âgés dans la famille…" Les contenus peuvent aussi survenir de manière non souhaitée, en naviguant de vidéo en vidéo, par exemple. Or, "à cet âge-là, c'est ce qu'on appelle une effraction psychique", explique la spécialiste. "C'est comme un accident, quelque chose qui va rentrer dans le cerveau d'un enfant avec absolument aucun référentiel pour que ça trouve sa place."
>> LIRE AUSSI - Cinq conseils pour parler sexualité avec son enfant
"Quand on ne sait pas ce qu'on a vu, ça tourne dans la tête, ça reste dans la tête. On n'arrive pas à le ranger dans un tiroir du cerveau et ça fait faire des cauchemars ou des dessins que les parents comprennent pas", poursuit Justine Atlan. Autant de signes qui doivent amener les parents à s'inquiéter.
Parler de sexualité le plus tôt possible
Lorsque les enfants sont un peu plus vieux et deviennent adolescents, le contrôle est de plus en plus difficile. Pour éviter les conséquences que peut avoir une exposition au porno sur leur sexualité future, la clé est donc… d'anticiper. "Comme tous les sujets un peu compliqué à aborder l'adolescence, il vaut mieux ne pas attendre à l'adolescence pour en parler", estime la présidente de l'association e-enfance.
"C'est l'âge le plus compliqué, où les ados n'ont pas du tout envie d'entendre leurs parents leur donner des conseils. Il faut donc le faire avant, tout petits, avec les mots d'un enfant de 3 ans. Ce ne sont pas les mêmes, évidemment, que pour un enfant de 8 ans, ou de 12 à 15 ans… Mais il faut leur faire prendre conscience que le corps est un corps sexué", assure Justine Atlan. Car "si c'est un sujet qui n'est pas tabou dans la famille, il va pouvoir être partagé."