Saint-Just Gendarmes Survivaliste 2:33
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Damien Mestre et Jean-Luc Boujon, édité par
Les autorités ont indiqué mercredi après-midi, quelques heures après la mort de trois gendarmes dans un hameau du Puy-de-Dôme, que le tueur faisait partie de la mouvance survivaliste. Loin d'être l'apanage de quelques marginaux, cette idéologie n'avait jusqu'ici pas pris pour cibles des forces de l'ordre.
DÉCRYPTAGE

Au lendemain du meurtre de trois gendarmes par un forcené, dans la commune de Saint-Just, dans le Puy-de-Dôme, le profil du tueur se précise. Mercredi après-midi, le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Éric Maillaud, a indiqué que "des centaines et des centaines de douilles" avaient été retrouvées et que le meurtrier était "parfaitement aguerri au fonctionnement des armes". Pour les habitants de Saint-Just, c'était un homme un peu taciturne, peu bavard mais sans histoires. Il était toujours habillé en treillis et en veste militaire, avec la réputation de posséder un certain nombre d'armes à feu.

"Le cliché du paranoïaque"

Ce qu'ont découvert les enquêteurs mercredi est beaucoup plus inquiétant : Frédérik Limol, 48 ans, pratiquait le tir sportif depuis de nombreuses années. Il était catholique très pratiquant, presque extrémiste, avec une tendance survivaliste, c'est-à-dire persuadé que la fin du monde était proche.

" Le survivalisme n'est pas du tout une idéologie réservée à quelques marginaux "

Lors de la conférence de presse organisée mercredi après-midi, le procureur de la République a expliqué que l'homme avait fait plusieurs stages au sein de la mouvance survivaliste, une idéologie en croissance. "On a souvent ce cliché du paranoïaque qui attend l'Armageddon dans son bunker avec une boîte de haricots, mais le survivalisme n'est pas du tout une idéologie réservée à quelques marginaux", analyse Paul Conge, journaliste à Marianne et auteur du livre Les Grands-remplacés (éditions Arkhé).

Homme surarmé

Dans cet ouvrage, le journaliste se penche sur les mécanismes de défense d'individus qui se sentent notamment attaqués dans leur virilité, comme les survivalistes : "Des survivalistes se réunissent à plusieurs, font des stages de survie, s'entraînent au maniement des armes… Il existe des dizaines de camps d'entraînement de ce genre en France, souvent pendant l'été. Certains sont proches de l'extrême droite, mais pas tous."

Quand les enquêteurs ont découvert son corps, mercredi matin, Frédérik Limol portait un gilet pare-balles et était armé d'un pistolet automatique Glock et d'un fusil d'assaut AR15, une arme de guerre américaine équipée d'une torche d'un silencieux et d'un dispositif à visée laser. Cet homme surarmé a fait feu sur les gendarmes quelques instants seulement après leur arrivée sur les lieux, sans que ceux-ci aient même le temps d'initier le moindre échange verbal. Des tirs rapides et précis, identiques à ceux d'un sniper. "C'est extrêmement rare qu'on ait des survivalistes, fussent-ils radicaux, prêts à ouvrir le feu sur des gendarmes", explique Paul Conge à propos de ce "carnage" : "On est possiblement au-delà même de la simple idéologie politique."