Le sujet divisait déjà la classe politique mais revient en force dans le débat public depuis vendredi et l'attaque du commissariat de Rambouillet. Alors que la gauche, mais aussi l'exécutif, à l'image de Bruno Le Maire sur notre antenne, s'y refusent, l'extrême droite et une partie de la droite insistent pour établir un lien direct entre immigration et terrorisme. Une controverse qui inquiète les associations de défense des migrants, qui dénoncent une radicalisation des débats.
Dimanche, lors du Grand rendez-vous Europe 1/Les Echos/CNews, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse appelait ainsi à "cesser de nier" l'existence de ce lien, et en profitait pour réclamer que le fait d'être en situation irrégulière sur le territoire français "redevienne un délit". Le meurtrier présumé de Rambouillet, abattu par la police, était un ressortissant tunisien de 36 ans, arrivé clandestinement en France en 2009 et régularisé 10 ans plus tard.
"Inacceptable de généraliser ces crimes"
Invité lundi d'Europe 1, Geneviève Jacques, ancienne présidente de la Cimade, estime que le discours visant à établir un lien entre immigration et terrorisme est signe d'une radicalisation dangereuse des débats, et rappelle que cette thèse était autrefois réservée à l'extrême-droite. "Qu'il y ait des actes comme le drame de Rambouillet, bien sûr que c'est absolument condamnable et inacceptable", dit-elle. Mais, ajoute-t-elle, "ce qui l'est tout autant, c'est de généraliser ces crimes et en faire porter la responsabilité à l'ensemble de l'immigration contre toute vérification".
Geneviève Jacques constate "une certaine banalisation de ce discours dans la période actuelle qui nous préoccupe beaucoup et préoccupe beaucoup tous les défenseurs de la démocratie et des droits des plus vulnérables".