Une mer calme, d'innombrables tentatives de traversée, un migrant mort en mer tout près d'une plage du Pas-de-Calais puis deux corps rejetés par la mer sur une autre plage toute proche: le bilan humain ne cesse de s'alourdir dans la Manche, que 32.000 migrants ont tenté de traverser cette année.
Plusieurs personnes en "urgence absolue"
Dans la nuit de mardi à mercredi et mercredi matin, à la faveur d'une fenêtre météorologique favorable à ces dangereuses traversées, de nombreux canots de migrants ont pris la mer. En début de matinée, une embarcation a été signalée en difficulté dans le secteur d'Hardelot, a rapporté la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Premar). Le centre régional opérationnel de sauvetage a alors envoyé un bateau et un hélicoptère de la marine pour lui porter secours. Les personnes à bord de l'hélicoptère ont repéré une quinzaine de personnes à l'eau, "proches de la plage", et les ont hélitreuillées vers le rivage, selon la Premar. Malgré l'intervention des secours, un migrant, adulte, est décédé.
En tout, 61 personnes ont été prises en charge, selon le commandant des pompiers Baptiste Gournay, faisant état d'une personne en "urgence absolue" et de cinq en "urgence relative", évacuées vers l'hôpital de Boulogne-sur-Mer, en plus de l'homme décédé. Selon lui, cet homme était âgé de 28 ans. Le commandant Gournay a évoqué une autre opération à Merlimont, un peu plus au sud, avec trois migrants en "urgence absolue".
Quelques heures plus tard, deux corps de migrants ont été découverts à marée basse sur la plage d'Equihen, toute proche de Neufchâtel-Hardelot, selon une source proche du dossier. La date du décès de ces deux hommes n'est pas encore connue.
"Hypothermie sévère"
D'importants moyens de secours ont été déployés mercredi matin sur le front de mer de Neufchâtel-Hardelot, où des migrants ont été conduits dans des halls d'immeubles pour se réchauffer, ont constaté des journalistes de l'AFP. Un canot crevé git sur la plage. La route est jonchée de vêtements trempés. Un migrant d'origine africaine, une couverture de survie enroulée autour de la taille et une autre autour de la tête, s'est avancé jusqu'au bout de la digue et fixe l'horizon, en direction de côtes anglaises invisibles. Selon une membre de l'association Utopia 56 sur place, plusieurs migrants se trouvaient "en hypothermie sévère".
Quelques heures après le drame, une autre tentative de traversée s'est déroulée tout près du lieu des secours. Sur une plage entre Neufchâtel-Hardelot et Equihen, quelque 70 migrants, dont plusieurs enfants, se sont jetés à l'eau pour rejoindre un canot venu les chercher, utilisant le système du "taxi-boat". Certains portaient des gilets de sauvetage, d'autres de simples bouées, d'autres encore n'avaient ni l'un ni l'autre. Le canot n'a pas réussi à démarrer et environ 40 migrants sont revenus sur la plage. Le bateau a finalement démarré et s'est éloigné, emportant une trentaine de migrants.
"Une personne qui décède tous les cinq jours"
L'AFP a assisté à deux autres départs dans la nuit, depuis Sangatte. "Le chiffre qui nous saute aux yeux depuis quelques mois, c'est une personne qui décède tous les cinq jours" dans ces tentatives de traversée depuis le début de l'année, a réagi l'un coordinateurs d'Utopia 56 sur le littoral, Célestin Pichaud. "La situation est plus que dramatique. Les secours en mer et sur terre sont dépassés par les événements". Il dénonce la "volonté désastreuse de continuer dans la voie de la répression".
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Dimanche matin, un autre migrant est mort après une tentative de départ depuis la plage de Tardinghen. Noyades et bousculades mortelles, sur des canots surchargés, ont fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des traversées de la Manche sur de frêles embarcations.
Mercredi dernier, trois migrants sont décédés dans un naufrage. Le parquet de Boulogne-sur-Mer avait fait état en début de semaine d'une "interrogation" persistante sur ce naufrage, en raison d'un écart entre le nombre de personnes secourues et certains témoignages décrivant la présence de nombreuses passagers à bord du bateau. La semaine précédente, un nourrisson avait trouvé la mort dans un autre naufrage.
Depuis le début de l'année, selon la Premar, 32.000 personnes ont tenté la traversée, dont plus de 5.600 ont été secourues et ramenées vers les côtes françaises.