Alors que la population française comptera trois fois plus de personnes de plus de 85 ans en 2050, un rapport très attendu est remis au gouvernement jeudi. Il contient des propositions pour faire face à ce choc démographique et mieux prendre en charge le grand âge.
Des plus de 65 ans plus nombreux que les moins de 20 ans dès 2030
L'arrivée des générations nombreuses du "baby boom" dans le grand âge à partir de 2030 change la donne. Pour la première fois, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 20 ans en France en 2030. Les 85 ans et plus vont voir leur nombre exploser, passant à 4,8 millions en 2050.
Face à ce vieillissement massif, les structures sont insuffisantes : établissements saturés, personnels sous-payés et épuisés, au point que le secteur peine à recruter, en institution comme dans l'aide à domicile. 63% des Ehpad (Établissements d'Hébergement pour Personnes âgées dépendantes) disent avoir au moins un poste non pourvu depuis 6 mois ou plus.
Un système actuel inadapté aux besoins ?
Dominique Libault, ex-conseiller de Simone Veil, ancien directeur de la Sécurité sociale, a consulté tous azimuts pendant cinq mois pour construire son rapport. Les acteurs du secteur ont participé à dix groupes de travail et plus de 400.000 personnes ont contribué en ligne. Au-delà des besoins de financement de la dépendance, estimés autour de 10 milliards d'euros supplémentaires par an à l'horizon 2030, il s'agit de choix de société.
La proportion de personnes âgées vivant en institution en France est une des plus élevées d'Europe : 21% des plus de 85 ans résident en Ehpad, dont l'image n'a cessé de se détériorer. Mais le système apparaît trop binaire, entre institution et domicile.
Vers un nouveau type d'Ehpad
Entre l'Ehpad (600.000 places) et le domicile existent déjà des solutions alternatives, comme les résidences autonomie (110.000 places) ou les résidences services seniors (50.000). Les Ehpad sont appelés à se transformer, en s'ouvrant davantage sur l'extérieur, en partageant par exemple la cantine avec un collège, les locaux avec une crèche. Ils pourraient aussi devenir "centres de ressources" pour la population âgée avoisinante qui pourrait y trouver des soins, un hébergement temporaire pour soulager les aidants. On parle beaucoup d'"Ehpad hors les murs", "Ehpad à domicile", pour que les personnes même dépendantes puissent rester chez elles tout en bénéficiant de soins, d'accompagnement à la fin de vie, d'aide à la vie quotidienne, etc.
Un secteur en profonde crise
Mais là aussi, il faut des personnels formés en nombre. Or le secteur est en crise et peu attractif. Les écoles d'aides-soignants ne font pas le plein. Toutes les parties prenantes soulignent l'urgence d'une revalorisation des carrières et des salaires. En établissement, le reste à charge pour les familles reste important, autour de 1.850 euros par mois en moyenne, pour des services souvent jugés insuffisants : repas médiocres servis au lance-pierre, toilettes expédiées faute de temps, rythme des personnes âgées non respecté...
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Le rapport devrait proposer une simplification du système avec une nouvelle prestation autonomie fusionnant dépendance et soins. L'APA (allocation personnalisée d'autonomie) serait remplacée par une "prestation autonomie établissement" dégressive selon le revenu.