L'activité hospitalière a redémarré en 2023 mais insuffisamment pour les soins les plus lourds, et une grave "dette de santé publique persiste", quelque 3,5 millions de séjours hospitaliers n'ayant pas pu être réalisés depuis l'épidémie de Covid-19, selon une étude de la FHF. Selon ce "premier baromètre" de la Fédération hospitalière de France (FHF, hôpitaux publics) publié lundi, qui s'appuie sur des données nationales concernant public et privé, le niveau d'activité des établissements de santé a globalement retrouvé en 2023 le niveau observé en 2019.
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Mais derrière cette reprise "se cachent des disparités préoccupantes qui devraient interroger les pouvoirs publics", a lancé lors d'une conférence de presse le président de la FHF Arnaud Robinet. "Nous sommes inquiets" : les chirurgies lourdes, les greffes et les activités de médecine les plus complexes, majoritairement assumées par le secteur public, "sont bien en deçà du niveau attendu", a-t-il dit.
L'hôpital peine aussi à rattraper son retard sur certaines activités de chirurgie
En médecine, la FHF observe un "sous-recours" (par rapport à l'activité de 2019) sur les prises en charge digestives (-11%), la cardiologie (-13%), le système nerveux (-11%) ou la rhumatologie (-12%). Il se concentre quasi exclusivement sur les patients de plus de 45 ans, selon ce baromètre, réalisé en partenariat avec Radio France. "Cela implique des risques" pour les patients, notamment de "retards pris sur la détection de certains cancers", a précisé Arnaud Robinet.
Les endoscopies digestives de diagnostic ont ainsi "nettement chuté" en 2020 et insuffisamment redémarré, ce qui pourrait selon la FHF expliquer le nombre moins important qu'attendu de "chirurgies digestives majeures" (-7% par rapport au niveau attendu), pratiquées pour beaucoup en cas de cancer. En diabétologie aussi, la baisse des prises en charge depuis 2020 "a coïncidé avec une hausse de l'activité" pour des complications liées au diabète, souligne la FHF. L'hôpital peine aussi à rattraper son retard sur certaines activités de chirurgie, comme les greffes (-7,5%).
Les deux principales "hypothèses" pour expliquer cette situation
La FHF avance deux principales "hypothèses" pour expliquer cette situation : les tensions persistantes sur les capacités hospitalières et une probable hausse du renoncement aux soins. Selon une enquête réalisée en mars 2024 dans 45% des hôpitaux publics, l'équivalent de 7% des lits d'hospitalisation en médecine, chirurgie et obstétrique ont été ponctuellement fermés en 2023, dans six cas sur dix en raison d'un manque de soignants. "Il y a urgence", et le gouvernement, qui doit fixer dans les prochains jours les nouveaux tarifs remboursés des prestations hospitalières, doit "soutenir l'hôpital public" en "concentrant les moyens" sur ces filières prioritaires, a plaidé Arnaud Robinet.
D'après un sondage IPSOS (29 février-6 mars, auprès de 1.500 personnes), 63% des Français ont renoncé à au moins un acte de soins ces cinq dernières années, notamment en raison des délais pour obtenir un rendez-vous (53% des cas) ou pour des difficultés financières (42%).
Le sondage témoigne d'un allongement des délais et d'importantes inégalités territoriales. En zone rurale, les répondants déclarent avoir 57 minutes de temps de trajet pour consulter un ORL en moyenne, 50 minutes pour voir un pédiatre, contre respectivement 32 et 31 minutes en zone urbaine.