Réforme des retraites 1:26
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Wilfried Devillers et Jean-Luc Boujon, édité par Alexandre Dalifard
Face au choix du gouvernement d'activer le 49.3 pour faire passer la réforme des retraites à l'Assemblée nationale, les réactions de l'opposition et des Français ont été nombreuses. De nombreux citoyens se sont rassemblés place de la Concorde, face à l'Assemblée. En dehors des cortèges, les avis sont partagés quant à l'utilisation de l'article.

Une France divisée ? Ce jeudi, la Première ministre Élisabeth Borne a eu recours à l'article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites à l'Assemblée nationale. Une décision qui a fait naître une vive contestation auprès de l'opposition mais aussi chez les Français. Les opposants n'ont pas tardé à exprimer leur mécontentement et leur souhait de continuer leur mobilisation contre la réforme. Marine Le Pen a annoncé de son côté qu'elle déposera une motion de censure. Les citoyens eux, se sont vite rassemblés place de la Concorde à Paris, face à l'Assemblée, pour protester après l'annonce de l'activation du 49.3. Les Français crient donc leur colère dans la rue, mais en dehors des cortèges, cette utilisation du levier ne laisse pas indifférent non plus.

"Lamentable"

À la gare Saint-Lazare à Paris, le 49.3 surgit dans de nombreuses conversations de sortie de bureau. C'est le cas de Catherine et ses deux amis qui sont vent debout contre ce passage en force. "Faire passer l'article, surtout pour la retraite, pour notre future génération, je trouve ça lamentable. À continuer ainsi, ils poussent le pays vers des gens qui vont aller voter extrême droite, ou qui ne vont plus du tout voter", fustige-t-elle.

"Une mesure qui tord le cou à la démocratie", a glissé une personne au micro d'Europe 1. Une vision partagée par Marion. "C'est tellement une insulte faite aux gens qui se mobilisent. Olivier Véran nous a promis dimanche que le gouvernement n'utiliserait pas le 49.3. Et là, comme à chaque fois, dès qu'ils sont un peu acculés, ils font le choix du forcing avec cet article. Il y a un consensus contre eux", déplore cette Parisienne.

"Plutôt positif"

David, lui, est plus mesuré et même en faveur d'un tel outil. "Je ne sais pas si c'est une bonne idée, car ce n'est pas forcément la procédure la plus démocratique qui soit. Mais d'un autre côté, je crois que malgré tout, il faut faire avancer les choses. Si on a élu un président avec une stratégie, une politique, qu'il avait annoncée et qu'il veut appliquer, pour une fois, je trouve ça plutôt positif", affirme-t-il au micro d'Europe 1. Le 49.3 est donc un moyen de contourner l'obstruction pour David, mais surtout pour la plupart des personnes interrogées, un véritable déni de démocratie.

"Un passage en force"

Dans le Rhône, la colère des grévistes se fait ressentir. À Reventin Vaugris, une centaine de manifestants ont décidé de vider l'écluse, rendant la navigation impossible. Ces grévistes pensaient, au fond d'eux, qu'Elisabeth Borne finirait par revenir à la raison, par faire le constat que la plus grande partie du pays était opposée à cette réforme. Mais il n'en a rien été, ce qui suscite la colère de Delphine Peyron, déléguée CGT de la CNR, la Compagnie nationale du Rhône. "C'est quand même une provocation car on vante le mérite d'un pays démocratique. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas puisque le peuple n'est pas d'accord avec cette réforme et on utilise encore une fois un passage en force", déplore-t-elle. "Ce gouvernement n'écoute pas la rue. Il y a eu huit mobilisations avec un nombre important de manifestants dans les rues. Je ne comprends pas", s'interroge Delphine Peyron.

Un coup de force, une provocation qui ne fait que renforcer la détermination des grévistes à Reventin Vaugris. Kévin, agent technique en grève, estime que la France n'est aujourd'hui plus une démocratie gérée. "Je dirais même une monarchie. Ils décident pour eux, au détriment du peuple et ça ne peut qu'énerver. Je suis plus motivé que jamais. J'avais des choses de prévues ce week-end et au final je resterai là. On restera fort et on ne compte plus les heures. S'il faut avoir des fiches de paie à zéro, on aura des fiches de paie à zéro. On va taper dans nos économies malheureusement, mais on sera là jusqu'au bout", affirme-t-il au micro d'Europe 1. Les grévistes vont donc se relayer pour continuer à bloquer l'écluse sur le Rhône, ce qui empêche toute navigation sur le fleuve et également toute production d'électricité.