Si vous lisez ces lignes c'est que vous n'êtes pas à "l'article de la mort", du moins pas au sens originel du terme. Car si de nos jours on utilise ces mots pour dire que cela ne va pas fort du tout, c'est qu'on emploie à mauvais escient une locution latine. Comme l'explique Stéphane Bern, jeudi, dans l'émission Historiquement vôtre sur Europe 1, elle désignait au départ le moment même de la mort. Et "article" n'a, à l'époque, pas du tout le sens que l'on lui donne aujourd'hui.
"Au moment de mourir"
"L'article de la mort" n'a rien à voir avec l'article de presse ou avec celui qu'on trouve dans un magasin, ni avec le déterminant utilisé en grammaire. Cette expression du 16e siècle vient de la traduction d'une locution latine, in articulo mortis, qui voulait dire au moment de mourir.
La différence de sens est claire, cela ne veut pas dire sur le point de mourir mais en train de pousser son dernier soupir. Articulo en latin est une déclinaison d'articulus, qui dans ce contexte signifie une partie du temps entre deux autres. Articulus a d'ailleurs donné articulation, la jointure entre deux os.
Des expressions imagées en langue anglaise
Si on devait utiliser une autre formule latine pour signifier vraiment l'article de la mort, c'est à dire le dernier moment de la vie, on pourrait en utiliser une déjà existante : in extremis. Une formule qu'on emploie très souvent, tout en oubliant que c'est du latin. L'extrême onction évoque ainsi ce même moment.
À l'international, paradoxalement, beaucoup d'expressions imagées sont utilisées pour signifier cela. En Angleterre, on peut dire "to have a graveyard cough", avoir une toux de cimetière. Tandis qu'en Australie on préfèrera "don't buy green bananas". "N'achetez pas de bananes vertes." Un conseil qui indique que la personne concernée n'aura pas le temps de les faire mûrir.