La sécheresse frappe toute la France, et chacun sa solution pour préserver tant bien que mal la ressource eau. Chaque matin, Europe 1 interroge un maire de France. Ce mardi, entretien avec Michel-Charles Riera, maire de la commune d'Arbois-en-Bugey, dans l'Ain. C'est un village de 700 habitants près de Chambéry.
Vous avez choisi de couper l'eau six heures par jour. Pourquoi cette mesure ?
Nous avons trois sources sur la commune : l'une a tari et les deux autres sont à 50%. Sachant que pour 550 habitants, nous consommons 60.000 litres d'eau par jour. Nous avions des craintes de ne pas pouvoir maintenir les niveaux d'eau, d'où les restrictions de coupures d'eau. Cela nous a paru être la mesure la plus équitable, puisqu'elle touche toute la population concernée. Ce qui fait qu'on n'est pas obligé de devoir aller demander à la grosse commune voisine, qui a beaucoup plus d'eau, et de faire des transports de trois ou quatre camions pour compléter nos réservoirs. Et ça, nous tenions à l'éviter, parce que c'est un surcoût également pour la population.
Une décision qui doit compliquer le quotidien de vos administrés. Comment ont-ils réagi ?
C'est une mesure qui n'est pas très populaire, bien entendu, puisqu'elle touche aux habitudes. Ça ne fait jamais plaisir, d'autant que celle-ci a été prise dans l'urgence et dans la rapidité. Mais la majorité a bien réagi. Il y en a quelques uns qui ont eu quelques difficultés en fonction des usages, de la profession, voire de la composition de la famille. Je conçois que ce soit difficile quand on a trois enfants, pour la douche etc. Nous avons fait de la distribution en porte-à-porte le premier jour et les jours suivants, ce sont les gens qui viennent chercher l'eau à l'endroit indiqué. Au minimum deux litres d'eau par personne et par jour [en bouteille]. C'est la règle.
Est-ce que ça fonctionne ? Est-ce que cette mesure va durer dans le temps ?
Avec les restrictions que nous avons prises, nous arrivons effectivement à maintenir les niveaux de nos quatre réservoirs. Mais je suis toujours dans l'expectative dans notre coin. On est dans un endroit où on n'est pas très bien servi par la pluie. On est pris entre deux massifs. Il faudra continuer à distribuer de l'eau potable, peut-être un peu plus qu'aujourd'hui, à la population.