Six mois avant d'être jugée pour l'attentat raté de Notre-Dame en 2016, Inès Madani a été condamnée vendredi à une peine de huit ans de prison avec une période de sûreté des deux tiers pour des faits plus anciens, qui avaient révélé son rôle de mentor auprès d'aspirants djihadistes.
Un groupe franco-belge sur Telegram. Les cheveux attachés en chignon, la jeune femme de 22 ans a accueilli ce jugement avec le sourire, après un procès de trois jours qui lui a permis d'expliquer ses agissements. Elle encourrait dix ans de prison. "Le tribunal vous a écoutée avec attention. Cette attention et cette reconnaissance vous l'aviez recherchée", a déclaré la présidente Isabelle Prévost-Desprez. Dans ce dossier, il lui était notamment reproché d'avoir animé un groupe franco-belge sur la messagerie cryptée Telegram dans lequel elle a incité des hommes comme des femmes à partir pour la Syrie et à commettre des attentats en France, entre mars 2015 et juin 2016.
Dans une lettre, elle exhortait à commettre un attentat contre "les koufars (mécréants, ndlr) dégueulasses". Dans un deuxième courrier, elle listait les ingrédients nécessaires pour réaliser des explosifs. Le parquet avait requis une peine de neuf ans d'emprisonnement assortie d'une période de sûreté des deux tiers.
"Une gamine de 18 ans en quête de reconnaissance". Inès Madani, jeune femme fragile, a "une personnalité déroutante", a souligné le procureur au début de ses réquisitions. Elle a été "recrutée" par Oumar Diaw, surnommé Abou Barrou, un djihadiste influent du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, a rappelé Isabelle Prévost-Desprez à la lecture du jugement. Sur les réseaux sociaux, elle utilisait des pseudonymes de combattants pour avoir plus de poids. Elle s'est ainsi faite passer pour Abou Souleymane, un djihadiste revenu de Raqa pour réaliser des attentats en France.
"Vous aviez une certaine autonomie dans la gestion de votre personnage. (...) Votre détermination marque votre dangerosité", a déclaré la présidente du tribunal. "C'est une décision acceptable", a réagi l'avocat d'Inès Madani, Me Laurent Pasquet-Marinacce. "C'était une gamine de 18 ans en quête de reconnaissance et d'amour, et qui a été instrumentalisée".
Inès Madani sera de retour devant la justice à l'automne, mais cette fois aux assises. Elle sera jugée du 23 septembre au 11 octobre pour avoir tenté d'enflammer une Peugeot 607 remplie de six bonbonnes de gaz devant la cathédrale Notre-Dame à Paris en septembre 2016.