La campagne de vaccination française contre le Covid-19 a commencé dimanche, mais le démarrage est pour le moment très lent. Seulement 200 personnes ont reçu une injection, sur 66,7 millions d'habitants, contre 78.000 en Allemagne et 8.300 en Italie. Conséquence : des voix s'élèvent parmi des responsables politiques de tous bords pour critiquer cette basse cadence, alors que plusieurs pays voisins ont déjà procédé à des dizaines de milliers de vaccinations. Une stratégie toutefois assumée par le gouvernement, qui rechigne à brusquer une population encore très méfiante.
Car la France est quasiment championne du monde en la matière : 40% des Français seulement souhaitent se faire vacciner contre le Covid-19. Ce chiffre est de 80% chez les Britanniques et de 98% au Vietnam. C’est pour gérer ce scepticisme français que le gouvernement a choisi un rythme de vaccination spectaculairement lent par rapport aux autres pays, avec un recueil de consentement préalable. Reste que l'objectif de vacciner un million de personnes à risques d'ici à la fin février "sera tenu", a assuré mercredi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
"Quoiqu’on fasse, on est toujours critiqués", lâche un conseiller
Mais cette lenteur occasionne elle-même une défiance supplémentaire, certains considérant que l’on prend les premiers vaccinés pour des cobayes et que le gouvernement a donc peut-être quelque chose à cacher. Pour étouffer ce type de rumeurs, les politiques de certains pays, comme aux Etats-Unis, se font vacciner en grande pompe, face aux caméras. L'exécutif français rechigne, voulant éviter deux écueils.
Il considère tout d'abord que cette vaccination expresse pourrait déclencher un autre genre de critique, comme au printemps lorsque les tests étaient une denrée rare et que les ministres qui se faisaient dépister étaient accusés sur les réseaux sociaux de bénéficier d'un passe-droit. Deuxième raison : le gouvernement estime que cette vaccination publique ne suffirait de toute façon pas à atténuer la méfiance, les complotistes pouvant bien dire qu'il s'agit d'un faux produit.
Alors que de plus en plus d’élus plaident pour une accélération du processus, le gouvernement, lui, assume son choix. "On n'est pas parti pour un 100 mètres mais pour un marathon", explique-t-on au ministère de la Santé. La ligne de l'exécutif est plutôt fataliste : "Quoiqu’on fasse, on est toujours critiqués", lâche un conseiller.