Plusieurs parlementaires, dont des députés de La République en marche (LREM), ont demandé lundi un "moratoire" avant d'étendre les obligations vaccinales pour les jeunes enfants, voulant "prendre le temps du débat démocratique". Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui sera examiné prochainement par le Parlement, prévoit d'augmenter à onze le nombre de vaccins obligatoires à partir du 1er janvier, contre trois actuellement, ce qui fait polémique, notamment chez les anti-vaccins. Le gouvernement justifie la mesure par la baisse du taux de couverture en France ces dernières années.
"Entendre toutes les parties". La députée LREM Blandine Brocard, la sénatrice communiste Laurence Cohen et la députée européenne EELV Michèle Rivasi ont assuré lors d'une conférence de presse commune soutenir les vaccins en général, "formidable protection pour les populations". Mais "pour un vote éclairé" sur l'extension des vaccins obligatoires, il faut "entendre toutes les parties" et "rien n'oblige à agir dans la précipitation", estime l'élue LREM du Rhône, "très sollicitée" dans sa circonscription sur le sujet.
"Il nous manque des garanties pour une sécurité vaccinale", juge aussi Michèle Rivasi, qui pointe les adjuvants, ces substances utilisées pour accroître l'efficacité des vaccins. "Ce n'est pas l'obligation qui va lever la suspicion" des parents, ajoute Laurence Cohen. "Des députés vont nous rejoindre", affirme Blandine Brocard, qui s'est déjà associée à Eric Alauzet, du même groupe LREM, afin de convaincre le gouvernement, dans une rare démarche publique de contestation. "Nous sommes beaucoup de femmes jeunes avec des enfants, la problématique nous touche personnellement", a souligné cette membre de la commission des Affaires sociales de 35 ans, juriste de profession.
Lancer le débat. "Je pense que je voterai contre" si la disposition est maintenue, a ajouté la députée, remarquant qu'elle ne figurait pas dans le programme du candidat Emmanuel Macron. Et de prôner : "Je reviens aux sources d'En Marche" en demandant "de discuter et d'écouter" sur un sujet litigieux. Associé à la même conférence de presse, Thomas Dietrich, ex-secrétaire général de la Conférence nationale de santé, qui avait démissionné en février 2016 en dénonçant une "mascarade" de "démocratie en santé", a aussi déploré l'absence d'un véritable "débat public" sur les vaccins.