La famille d'Adama Traoré, dont la mort lors de son interpellation dans le Val-d'Oise a entraîné plusieurs nuits de violences, a déposé une demande de contre-autopsie, a déclaré vendredi son avocat, avant le départ d'une marche blanche à Beaumont-sur-Oise.
"Pour qu'on sache tout". "J'ai déposé ce matin une demande de contre-expertise par un collège d'experts", a dit Me Frédéric Zajac. Jeudi, le procureur de la République à Pontoise Yves Jannier avait indiqué que le jeune homme de 24 ans, décédé mardi lors de son arrestation par les gendarmes, souffrait d'"une infection très grave", "touchant plusieurs organes". Selon lui, le médecin légiste n'a pas relevé de "traces de violence significatives" sur le corps. "Ce n'est pas pour contester la première autopsie, mais pour qu'on sache tout, qu'on arrête les fantasmes de part et d'autre", "je veux que la famille sache la vérité", a ajouté l'avocat.
La cause du décès "pas encore déterminée". "Contrairement à ce qu'on a pu entendre, la cause du décès n'est pas encore déterminée", estimait vendredi la famille dans un communiqué. "Une infection a été constatée mais elle ne dit pas comment et de quoi est mort notre cher Adama", dénonçait-elle.
Nombreuses réactions. Une marche blanche en mémoire du jeune homme devait partir à 17h du quartier Boyenval, petite cité proche des bords de l'Oise, dont était originaire le jeune homme. Dans la nuit de jeudi à vendredi, six véhicules ont été incendiés sur les communes de L'Isle-Adam, Champagne-sur-Oise, Bernes-sur-Oise et Beaumont-sur-Oise, ainsi que deux pompes à essence. La nuit précédente, les forces de l'ordre avaient été prises pour cible par des tirs d'armes au plomb et des cocktails Molotov. Plusieurs véhicules avaient été incendiés et neuf personnes avaient été placées en garde à vue.
Le jeune homme avait dans un premier temps été présenté comme étant suspecté dans une affaire d'extorsion de fonds. Mais, selon une source proche de l'enquête, Adama Traoré se serait en fait interposé lors de l'interpellation de son frère, le véritable suspect recherché dans cette affaire, avant d'être lui-même interpellé. Deux enquêtes sont menées parallèlement par la section de recherches et l'inspection générale de la gendarmerie. La mort du jeune homme a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, autour du hashtag #JusticePourAdama, parfois associé à #BlackLivesMatter, utilisé pour dénoncer les brutalités policières contre les Noirs aux Etats-Unis.