Val-d'Oise : la préfecture «envisage» d'interdire la marche en mémoire d'Adama Traoré

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avec AFP / Crédit photo : AFP
La préfecture du Val-d'Oise "envisage" l'interdiction de la marche prévue samedi pour les sept ans de la mort d'Adama Traoré, jeune homme noir mort lors d'une interpellation en 2016 et érigé en emblème des violences policières, dans le contexte d'émeutes consécutives à la mort de Nahel, a-t-elle annoncé jeudi.

Le 19 juillet 2016, ce jeune homme noir de 24 ans décédait dans la cour de la caserne de Persan, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, peu après son arrestation par des gendarmes au terme d'une course-poursuite.

Emmené par sa sœur Assa Traoré, le collectif "Vérité pour Adama" tient chaque année en juillet une marche pacifique à Persan et Beaumont-sur-Oise pour réclamer la mise en examen des quatre gendarmes mis en cause, et plus largement dénoncer les violences policières.

Les services de l'État s'inquiètent

"Compte tenu des violences survenues les jours passés et face au risque de débordements et de troubles à l'ordre public que l'événement peut susciter, le préfet a informé le comité 'Vérité pour Adama' qu'il envisage d'interdire la marche", a tweeté la préfecture du Val-d'Oise.

 

Dans leur lettre adressée aux organisateurs de la marche, les services de l'État s'inquiètent de la venue d'"éléments perturbateurs" à cette manifestation, à laquelle pourrait par ailleurs assister la mère de Nahel.

"Cette marche est susceptible d'attiser les tensions et de générer des troubles graves à l'ordre public", a écrit le préfet Philippe Court, en donnant aux organisateurs jusqu'à vendredi midi pour formuler leurs observations.

"C'est une décision politique"

La mort d'Adama Traoré avait donné lieu à plusieurs nuits d'émeutes à travers les communes voisines de Persan et Beaumont-sur-Oise. Ces derniers jours, la mairie de Persan a brûlé lors des violences urbaines.

Chaque année, le cortège de la marche commémorative pour Adama Traoré déambule à travers ces deux villes dans une atmosphère militante, mais sans incident, pour finir par un concert de rap dans un parc. De nombreux syndicats, organisations et partis politiques sont attendus cette année.

"C'est une décision politique pour empêcher qu'il y ait une parole des quartiers populaires sur la mort de Nahel et d'Adama", a réagi auprès de l'AFP Youcef Brakni, bras droit d'Assa Traoré, en fustigeant "une volonté de censurer la liberté d'expression pacifique".