Après les affrontements à Dijon, le ministère de l'Intérieur a annoncé l'examen systématique de la possibilité d'expulser des étrangers impliqués dans des violences, violences qui ont opposé des membres de la communauté tchétchène aux jeunes du quartier des Grésilles à Dijon ce week-end. Le père du jeune tchétchène de 19 ans tabassé par des jeunes du quartier appelle au calme et se dit dépassé par les événements. Mais que sait-on à ce stade sur cette communauté tchétchène de Dijon, et risquent-ils vraiment l'expulsion ?
Communauté soudée et code d'honneur
En France, ils seraient entre 15 et 20.000, quasiment tous avec le statut de réfugié. La grande majorité est arrivée dans les années 2000 après avoir fui le conflit entre les indépendantistes tchétchènes et l'Etat russe. Cela fait d'eux une communauté soudée avec un code d'honneur très poussé, qui peut les amener à se mobiliser rapidement pour un des leurs.
Quand on les écoute, ils en sont fiers. Mais c'est aussi ce qui ternit leur réputation auprès des forces de l'ordre. Pour la police, ils sont plus associés à des faits de racket, de vols ou de vendetta comme celle de Dijon.
Dictature et torture en Tchétchènie
Lors de cette expédition punitive étaient présents beaucoup de réfugiés, l'un des participants l'a confirmé à Europe 1, mais il y avait aussi de jeunes Français d'origine tchétchène. Aucun n'a été interpellé et les forces de l'ordre sont en train de les identifier. Mais même si c'était le cas, leur expulsion est quasi-impossible : la procédure est très rare et ne peut se faire qu'en cas de menace avérée pour la sûreté de l'Etat.
Un policier spécialisé dans la lutte antiterroriste confirme que c'est extrêmement compliqué dans les faits. Il donne l'exemple d'un tchétchène qui a aidé un membre de sa famille à partir en Syrie, doté d'un casier judiciaire long comme le bras. Le ministère de l'Intérieur rechigne à le renvoyer en Tchétchénie, dirigée aujourd'hui par un dictateur pro-Poutine, où il risque la torture et la mort.