On le sait, en France, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. Depuis le Grenelle des violences conjugales le 3 septembre dernier, les féminicides sont désormais un sujet politique et c'est au tour de la Haute Autorité de Santé (HAS) de se saisir du dossier. Pour la première fois, l'instance, qui fixe les bonnes pratiques pour les médecins, publie des recommandations pour les aider à mieux repérer les femmes victimes de violences conjugales. Car contrairement à ce que l'on en pense, ce n'est pas si facile.
Un diagnostic difficile
Selon la Haute Autorité de Santé, dans la salle d'attente d'un médecin généraliste, 3 à 4 femmes sur 10 seraient victimes de violences conjugales. Pourtant, pendant la consultation, la question est rarement abordée. Des médecins ont peur de blesser leur patientes en posant des questions trop intimes ou encore de mettre les pieds dans le plat. Peur aussi de ne pas savoir quoi faire si la réponse est "oui, mon mari me frappe".
"Comment ça se passe à la maison avec votre mari ?"
Pierre-Louis Druais est médecin généraliste dans les Yvelines et membre de la HAS. Il repère les patientes victimes de violences à leurs symptômes incohérents. "Des troubles psychologiques bien sûr, mais aussi le sommeil, des troubles digestifs et alimentaires, des douleurs abdominales. Souvent, la répétition de ces plaintes est un appel au secours face à la réalité de la violence, mais elle ne peut pas le dire", explique le médecin. Pierre-Louis Druais, lui, choisit de poser la question frontalement : "'Comment ça se passe à la maison avec votre mari ?'. Cela peut être aussi : 'Vous est-il déjà arrivé d'avoir peur de votre partenaire, ou peur pour vos enfants ?'."
Mais pour la HAS, quelle que soit la formulation, la question des violences doit maintenant être systématiquement posée par le médecin lors de l'interrogatoire médical, au même titre que l'âge, les antécédents, la consommation de tabac ou d'alcool.