Quel avenir pour le 3919 ? Le numéro dédié aux femmes victimes de violences conjugales, grande cause du quinquennat d'Emmanuel Macron, fait l’objet d’un bras de fer entre le gouvernement et l’association qui gère la ligne d’écoute depuis 1992. Le président de la République souhaite rendre ce numéro accessible 24h/24 et 7j/7, y compris dans les territoires ultra-marins. Pour cela, le gouvernement a lancé mi-décembre un appel d’offres. Problème : la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), opérateur historique, n'est pas d'accord avec les conditions imposées par l'Etat.
Elle a annoncé mercredi qu'elle saisirait la justice pour demander l'annulation de la procédure de mise en concurrence qui doit décider de l'avenir de ce service. "En conséquence", la FNSF a décidé de ne pas être candidat à l'appel d'offres du gouvernement, ajoute la fédération, soutenue par plusieurs organisations féministes et par une pétition ayant recueilli plus de 65.000 signatures.
"Un édifice menacé", selon l'association
Deux philosophies s'opposent. D'abord, celle de l'Etat, qui veut reprendre la main et faire du 3919 un service public, vitrine de la lutte contre les violences conjugales. Le gouvernement a donc fixé des objectifs : 120.000 appels à traiter par an, en 20 minutes en moyenne. Un cahier des charges qui exaspère l'association Solidarité Femmes. "Se baser uniquement sur du quantitatif, ce n'est pas supportable. On n'est pas dans un système de marchandisation, nous travaillons avec des humains, des femmes. Il faut du temps, il y a des appels qui durent longtemps. C'est tout cet édifice qui est menacé aujourd'hui", explique Françoise Brié, porte-parole de la FNSF.
L'exécutif ne veut pas perdre une marque "martelée pendant des mois"
Pour l'association, pas question de se plier aux exigences de l'Etat. Reste à savoir si ce désaccord pourrait mettre en péril le 3919. A l'heure actuelle, le numéro est la propriété de l'association, d’où ce bras de fer. Mais l'entourage de la secrétaire d'état chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, n'exclut de négocier pour racheter la marque "3919".
Politiquement, le gouvernement ne peut pas se permettre d’abandonner le numéro. "Ce serait contre-productif, le 3919, on l'a martelé pendant des mois", confirme un conseiller. Ce numéro est composé par près de 80.000 femmes chaque année.