Des saccages, de violentes manifestations, des tirs à l'arme automatique... La situation en Martinique continue d'être très inquiétante. Depuis plusieurs nuits, des violences urbaines continuent secouent l'île et près de onze policiers ont été blessés au cours des derniers jours. Un couvre-feu a même été décrété dès mercredi soir dans certains quartiers de Fort-de-France. Invitée au micro de La Grande interview Europe 1-CNews, la secrétaire nationale du syndicat UN1TÉ Linda Kebbab s'est insurgée contre le traitement réservé aux policiers et a dénoncé la frilosité des pouvoirs politiques locaux.
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Des "tentatives d'homicides" sur les policiers
"Il y a évidemment un sujet social et économique qui est indigne de notre nation. On ne peut pas gérer les DROM-COM avec l'éloignement philosophique qui est le paradigme qui est le nôtre et il faut sincèrement apporter des réponses sociales et économiques aux populations qui sont installées là-bas", a-t-elle assuré. "Une fois qu'on a dit ça, on ne peut cautionner d'aucune manière, les violences qui sont exercées contre les forces de l'ordre et pas seulement des violences, mais des tentatives d'homicides."
La policière a notamment raconté comment des membres des forces de l'ordre ont dû utiliser leur pistolet mitrailleur, car "ils étaient pris dans le feu d'armes automatiques, de fusils d'épaules. C'est un miracle qu'il n'y ait pas de morts". En contact avec des représentants de la police présents sur place, elle assure que nous sommes "aux portes du drame".
Une "réponse judiciaire insuffisante"
Interrogée sur l'impuissance des services publics qui laissent une telle situation se propager, Linda Kebabb a regretté une "réponse judiciaire insuffisante" en Martinique. "C'est pour les mêmes raisons que l'on ferme parfois les yeux sur les actes de violence en métropole, c'est-à-dire le sentiment de pouvoir tenter de récupérer la paix sociale". Mais elle assure que celle-ci ne reviendra pas en faisant preuve de "pudeur ou de frilosité".
Tout en assurant que certains élus locaux avaient apporté une "forme de soutien" à un des leaders de ce mouvement violent, elle a aussi déploré "une autorité qui n'ose pas frapper du poing sur la table", et ce, aussi bien sur l'île qu'en métropole. "Il y a aussi peut-être la crainte que la situation ne s'embrase encore plus et que dans l'opinion publique, il y ait une adhésion plus forte à l'égard de ces violences."