Le patinage artistique est décidément dans la tourmente. Si Sarah Abitbol a révélé au grand jour la présence de violences sexuelles dans ce sport de glisse, le club mulhousien de la discipline était déjà au courant. L'Association Sportive de Patinage Artistique (ASPA) a en effet eu récemment affaire à un homme qui gravitait dans l'entourage du club après avoir été inscrit au fichier américain des délinquants sexuels.
Condamné en 2011 aux États-Unis
L'affaire remonte à l'année 2011 lorsque Marc Mandina, un ex-patineur devenu entraîneur, est condamné pour avoir filmé en caméra cachée une adolescente de 12 ans en train de se déshabiller. L'homme plaide coupable devant le tribunal, subit trois ans de contrôle judiciaire, est inscrit sur le fichier des délinquants sexuels, et est banni à vie par la fédération américaine des sports de glace. L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais en janvier 2019 les dirigeants de l'ASPA embauchent un nouvel entraîneur.
L'identité révélée par un mail anonyme
Il s'agit d'une jeune femme qui leur présente alors son compagnon, un certain Marco Vega. Très vite, tout le monde connaît Marco et ses connaissances en patinage. Lorsqu'on le croise, personne ne se doute qu'il s'agit d'un pseudonyme cachant Marc Mandina. "On ne pouvait rien savoir", se désole la présidente du club, Sultane Messala au micro d'Europe 1. "Nous, on le connaissait sous le nom de Marco Vega. Il venait souvent en bord de piste, il entraînait ou corrigeait certains enfants", détaille-t-elle.
>> LIRE AUSSI - Violences sexuelles dans le patinage : "Je suis un homme clean", se défend Didier Gailhaguet
Ce n'est qu'au mois de juin dernier que la véritable identité de l'homme est dévoilée, par un mail anonyme. "C'est comme ça qu'on a tout appris", résume-t-on au sein du club. L'ASPA indique avoir interdit immédiatement l'accès à la patinoire à Marc Mandina et précise que cette interdiction a été bravée au moins deux fois par l'intéressé, qui avait d'ailleurs dû être chassé des tribunes et du bureau de sa compagne.
L'entraîneure dément en bloc
L’entraîneure, elle, dément. Elle explique à Europe 1 avoir mis son club au courant des anciennes activités de son compagnon dans le patinage, et de ses ennuis aux Etat-Unis. "J'ai été transparente", assure-t-elle. Dans un courrier adressé à Europe 1 mi-février, l'entraîneure a tenu à développer son propos. "Monsieur Marc Mandina n'a jamais caché sa situation aux dirigeants du club ni à qui que ce soit", écrit-elle dans ce document de deux pages. "Il ne se cache pas, est totalement transparent et n'a jamais changé de nom, comme peut en témoigner son état civil. Il a comme beaucoup de personnes un compte Facebook avec un pseudo qui n'est pas son nom et prénom de son état civil. Est-ce un crime ? Je ne pense pas !"
"Il n'a jamais approché aucun enfant et j'ai veillé à cela personnellement, avec le plus grand des sérieux, afin de respecter la confiance que mes employeurs mais surtout les enfants et leur parents ont placé en moi en tant qu'entraîneure", ajoute-t-elle.
Dénonçant un "règlement de comptes par médias interposés", elle estime que "cela trouve son origine dans un contentieux lourd au sein du club qui dure depuis plus de six mois". "L'ancienne présidente de l'ASPA (...) a été destituée en décembre 2019, de ses fonctions à l'unanimité par une assemblée générale extraordinaire. Elle refuse encore aujourd'hui de reconnaître la légitimité de cette décision démocratique et statutaire, la contestant devant les tribunaux. J'ai en outre été dans l'obligation de déposer plainte contre elle pour harcèlement moral en décembre 2019 suite à de multiples attaques à mon encontre" (...) des contentieux encore à ce jour traités par le tribunal judiciaire de Mulhouse".