Trois jours après l'incendie du Chapiteau des contraires, un centre culturel à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines, l'incompréhension demeure face à cette flambée de violences. La commune n'est pas la première touchée par ce genre d’événements ces derniers jours. A Sartrouville, aux Mureaux, ou encore à Mantes-la-Jolie, les forces de l'ordre ont été pris pour cible. Un jeune a même été blessé à l’œil par un tir de LBD après des heurts dans le quartier du Val Fourré. La police parle de "guet-apens" contre ses agents, mais les jeunes eux évoquent "un ras-le-bol". Europe 1 est allée à leur rencontre.
"Bande de bougnoules, bande de négros"
"Du jour au lendemain, cela peut être pire que ça", raconte l'un d'entre eux. Ils acceptent de se confier, à condition de ne pas donner leur nom. Pour ces jeunes du Val-Fourré, ce n'est pas un concours entre cités qui est la cause des violences des derniers jours. Ils rejettent la faute sur l'attitude des forces de l'ordre. "Les keufs (sic) passent et nous insultent à longueur de journée", dénonce l'un d'entre eux. "Bande de bougnoules, bande de négros... ça monte vite au cerveau." Les policiers "nous rabaissent, nous provoquent", évoque un autre. Et lorsque les jeunes répondent, ils se retrouvent "en garde à vue pour outrage à rébellion". "Quand ils sont plusieurs, ils font les malins. Cela ne nous coûte rien de se mettre dans un coin de la rue pour casser la première voiture qui passe".
Des jeunes "livrés à eux-mêmes"
Pour un ancien du quartier, ces jeunes "sont livrés à eux-mêmes", ce qui explique selon lui le quotidien tendu avec les forces de l'ordre. Avant, "il y avait les sorties, on allait à Deauville à la mer grâce à la maire. Aujourd'hui, il n'y a plus cela", regrette-t-il. "On a pourtant ouvert quatre nouveaux centres de loisir", en plein cœur des quartiers, lui répond le maire de Mantes-la-Jolie, Raphaël Cognet. "Des éducateurs vont au bas des immeubles essayer de raccrocher les jeunes à nos dispositifs. Mais c’est vrai qu’il y en a qu’on ne touche jamais" reconnait l'élu. "Peut-être parce qu’on n’a pas les bons canaux, peut-être aussi parce qu’ils ont pas envies, et qu’ils se sont auto-persuadés qu’on ne pouvait rien faire pour eux."
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L'impression d'un dialogue de sourds qui, selon ce jeune homme, n'a peut-être pas atteint son paroxysme. "Aujourd’hui ce sont des caillassages, mais les policiers ne sont pas à l’abri que demain cela aille plus loin. Lors d'un guet-apens, il y a bien un policier qui peut mourir", prévient-il.