Le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez s'est prononcé pour la "castration chimique" des "prédateurs sexuels" après le meurtre d'Angélique par un homme inscrit au Fichier judiciaire national automatisé des auteurs d'infractions sexuelles (FIJAIS).
"Les prédateurs sexuels doivent soit subir une castration chimique, soit rester en prison", estime ainsi le président de la région Rhône-Alpes jeudi dans 20Minutes. La proposition n’est pas nouvelle. Et à chaque fois, les psychiatres sont contraints de monter au créneau pour relativiser l’efficacité d’une telle mesure.
Que dit la loi ? Actuellement, la loi prévoit qu'un juge peut imposer à une personne condamnée pour agression sexuelle une injonction de soins, sous peine de se voire refuser une liberté conditionnelle. A charge ensuite pour le condamné de préciser en accord avec un médecin la forme que doivent prendre ces soins. Il est impossible de savoir aujourd'hui combien de personnes sont sous castration chimique, ces informations étant couvertes par le secret médical.
- Pas efficace pour tout le monde
Ce que les psychiatres rappellent, c’est d’abord que la castration chimique, qui consiste à faire baisser le taux de testostérone dans l’organisme pour réduire l’appétit sexuel d’un patient, n’est pas efficace sur tous les délinquants sexuels. "Pour nous, spécialiste, la prescription d’androgène anti-hormonal est une solution, mais pour une minorité d’auteurs d’agressions sexuelles", explique le docteur Roland Coutanceau, expert en criminologue. "Cela fonctionne pour ceux qui ont un fantasme fixé, par exemple ceux qui sont des pédophiles exclusifs dans leur tête, qui sont obsédés pas ces fantasmes et qui ont une personnalité très égocentrée", poursuit cet expert auprès des tribunaux, qui estiment de 10 à 15% le nombre d’agresseurs sexuels concernés.
Et pour les autres ? "C’est plus compliqué que ça bien évidemment", répond le psychiatre. "Dans les autres cas, la dérive vers une agression sexuelle, ce n’est pas quelque chose qui est liée à une obsession. C’est simplement qu’on ne se contrôle pas dans une situation donnée, et donc ça n’a aucun intérêt de prescrire les anti-androgènes pour tous les délinquants sexuels", explique encore Roland Coutanceau. Et dans le cas de l’homme qui a avoué avoir violé et tué Angélique ? "Je ne pense pas que ce soit quelqu’un qui relève de la prescription anti-androgène", répond le médecin.
- Le consentement est indispensable
Par ailleurs, pour que la castration chimique soit efficace, elle doit être accompagnée du consentement du principal intéressé. Pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’un médecin ne peut contraindre un patient à se soigner. "C'est contraire à la déontologie médicale et à la convention internationale des droits de l'homme", disait en 2009 le ministère de la Santé à Libération. A l’époque, le meurtre de Marie-Christine Hodeau, attaquée et tuée en Seine-et-Marne par un homme condamnée sept ans plus tôt pour le viol d’une adolescente, avait déjà relancé le débat sur la castration chimique.
Si le consentement est indispensable, c’est aussi parce qu’il conditionne l’efficacité du traitement. Retour en 2009, cette fois lors du procès de Francis Evrard, jugé pour avoir enlevé et violé le petit Enis en août 2017. Là encore, la castration chimique fait débat. Mais lors du procès, un psychiatre estime que l’accusé n’était pas adapté au traitement. "Il faut qu'il y ait un sentiment de culpabilité et une envie d'évoluer. Le traitement hormonal ne suffit pas à lui seul", avait expliqué le Dr Choquet.