Depuis qu'elle est toute petite, Virginie ne veut pas avoir d'enfant. Un désir qu'elle dit avoir mûri, expliqué et défendu face à une mère sourde à cette décision et d'autres femmes qui ne la prennent pas au sérieux. Aujourd'hui comédienne, la jeune femme de 23 ans souhaite se consacrer pleinement à son métier, en gardant son indépendance. Elle raconte son choix au micro Europe 1 d'Olivier Delacroix.
"Avec nos amis, quand on jouait à s'imaginer notre vie future, j'imaginais ma carrière, mon appartement, les voyages, mais jamais le projet des enfants ne venait dans ce que je créais. Dans l'appartement, il y avait le salon et la bibliothèque, mais pas de chambre d'enfant (rires) !
Petit à petit, je me suis aperçue que c'était quelque chose qui s'est construit dès le plus jeune âge, dès que j'ai commencé à être capable de réfléchir. Beaucoup d'acteurs ont des enfants, donc je ne dis pas que ce n'est pas possible, mais en ce qui me concerne, mon métier n'est axé qu'autour de la création et il y a vraiment un processus maïeutique [un processus d'accouchement de la pensée par le dialogue, NDLR]. Je suis entièrement comblée avec ça.
"Les gens ont toujours quelque chose à dire"
Dans mon métier, il y a un côté égocentrique et une envie de liberté complète. Je pars du principe que quand on a un enfant, la dévotion doit aller à cette personne qu'on a créée. C'est quelque chose que je n'aurais vraiment pas envie de faire par obligation. Je culpabiliserais énormément de me dire que j'ai créé quelqu'un et que je me dois de l'aimer. Penser ça en tant que parent, c'est simplement affreux. Ça me parait être une évidence…
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Je n'hésite pas à afficher ce choix, que ce soit dans les relations amicales ou amoureuses. Les gens ont toujours quelque chose à dire, un jugement à apporter. Du fait de mon âge, le jugement principal, c'est 'tu es trop jeune, tu verras plus tard'. Comme si, à 23 ans, on n'était pas capable d'avoir une réflexion tout à fait logique et de véritables envies.
Il y a aussi les jugements pas méchants d'autres femmes, qui me disent que les hormones feront leur travail plus tard, vers 30 ans. Que, d'un coup, l'horloge se déclenchera et qu'on en aura envie. Pour moi, c'est insensé. Peut-être que les horloges se déclenchent, mais étant aussi guidée par la pensée et la réflexion, je pense que ce n'est pas ça qui fait que, d'un seul coup, on veuille avoir un enfant et que tout ce qu'on a toujours pensé va tomber à l'eau.
Une relation conflictuelle avec sa mère
Ma mère n'accepte pas ce choix, ça a été très conflictuel. Quand j'étais plus jeune, quand je l'affirmais au lycée, elle prenait cela comme une dérivation mentale, comme si c'était une bêtise. Petit à petit, quand je lui ai apporté plus d'arguments, quand j'ai essayé d'étayer mon propos, de lui expliquer pourquoi c'était quelque chose qui me paraissait sensé, c'est devenu très conflictuel parce que son rêve était d'avoir un enfant, puis d'être grand-mère.
Il y a un côté égoïste parce qu'elle découvre que je ne réaliserai pas son rêve jusqu'au bout. Aujourd'hui, on n'en parle plus, autant éviter le conflit. Avant, je voulais lui faire comprendre et lui faire changer d'avis, mais après, je me suis aperçue que je n'en avais strictement rien à faire. Ce qui comptait, c'était d'être sûre de ce que je voulais et si elle le comprenait ou pas, ce n'était pas important.
Dans mes relations, c'est quelque chose que j'affirme très rapidement et j'ai tendance à sortir avec des hommes plus âgés que moi. Souvent, ils ont plutôt envie d'avoir des enfants. Ça a deux effets : soit ça braque définitivement la personne, soit elle pense 'voilà, elle a 23 ans, elle verra plus tard'. Mais je n'ai rien contre les enfants. Si la personne a des enfants et me demande de prendre le rôle d'une maman, en revanche, ça n'ira pas, parce que ce n'est pas mon rôle, et je ne désire pas l'avoir."