400.000 kilomètres de routes seraient concernés. Les nationales et départementales vont en effet peut-être voir leur vitesse maximum réduite à 80 km/h, au lieu de 90 km/h actuellement. Mardi prochain, le comité interministériel à la Sécurité Routière (CISR) que tient le gouvernement devrait l'annoncer. Pour justifier cette décision, ce dernier avance qu'une diminution permettra de faire reculer le nombre d'accidents mortels. Mais, problème, l'expérimentation qui a été menée ne permet pas de conclure à une baisse de l'accidentalité.
Aucune donnée sur l'accidentalité... Une expérimentation a en effet eu lieu de juillet 2015 à juillet 2017 et une note de cinq pages qui en résume les conclusions a été envoyée aux préfets. On y apprend qu'à 80 km/h, il n'y a pas plus d'embouteillages et que la vitesse moyenne diminue. En revanche, rien n'est mentionné au sujet de l'accidentalité. Le gouvernement se défend : les tronçons étudiés étaient trop courts et il aurait aussi fallu une expérimentation plus longue, cinq ans au lieu de deux.
Consultez la note envoyée aux préfets :
... et des données manquantes. Selon des informations obtenues par Europe 1, en amont de ce test, aucune mesure n'a été réalisée ni sur les vitesses, ni sur le nombre d'accidents, ni encore sur les endroits dangereux. Donc, il n'y a pas de points de repères pour établir des comparaisons entre les deux vitesses. Pis, il y a eu des travaux sur les routes en question pendant l'expérimentation : certaines ont été refaites, d'autres élargies... suffisant pour fausser l'expérimentation.
"Comparer des choux et des carottes". Daniel Quero, le président de 40 Millions d'Automobilistes, n'a pas vu le rapport mais, reçu jeudi pendant une heure par deux conseillers de Matignon, il a pu en avoir un aperçu : "on m'a répondu qu'on serait peut-être surpris quand il y aura les conclusions mais que aussi, deux ans (d'expérimentation, ndlr) ce n'était pas suffisant et que les tronçons de routes étaient trop courts". Résultat, ce responsable associatif "n'a pas le sentiment que l'expérience soit très concluante à première vue". Selon Daniel Quero, le gouvernement lui-même ne peut pas en tirer de conclusions. "Nous, ce qu'on a remarqué, c'est que les routes ont été élargies, que le marquage a été refait, donc, la route ne ressemble plus trop à ce qu'il y avait avant, donc, comparer des choux et des carottes, c'est un peu compliqué."