Vols, incendie des locaux, démission du président... Le club de foot de Poissy face aux pressions de voyous de quartiers sensibles de la ville
Après plusieurs mois de chantage, de tentatives de cambriolage et d’extorsion, le président du club de football Poissy rend les armes. Menacé de mort par un homme issu d’un quartier sensible de Poissy et connu de la police, Thomas Chardon, dirigeant du Poissy FC, a démissionné fin janvier laissant le club dépourvu de présidence. Il dénonce l’inaction de la mairie qui, selon lui, n’a rien fait pour lui venir en aide.
De la chute à la renaissance : l’histoire avait tout pour être belle. Criblé de dettes et exclu de toutes compétitions nationales par la DNCG en mai 2023 (Direction nationale de contrôle des gestions), le gendarme financier du football, l’AS Poissy renaît de ses cendres quelques mois plus tard. Cette fois-ci sous le Poissy Football Club ou le Poissy FC pour les amateurs du club.
À la baguette : deux hommes. Thomas Chardon, propriétaire de la librairie le Pincerais, et Kentin Olive, ni plus ni moins que le fils de l’ancien maire de la ville et actuel député de la 12e circonscription des Yvelines, Karl Olive. Mais la belle histoire vire au cauchemar.
60.000 euros volés
Dès la rentrée sportive, plusieurs personnes issues de quartiers sensibles de Poissy ont refait surface, s’en prenant à la direction du club pour intégrer l’organigramme. Parmi eux, un homme, ancien entraîneur dans le club. Tout juste sorti de prison, il fait de Thomas Chardon, sa cible.
Le nouveau président est dans un premier temps menacé. D’abord par deux hommes, munis de barres de fer. Puis ce sont les locaux du club qui sont cambriolés quelques jours plus tard. Le préjudice est lourd pour le club évoluant au niveau régional : environ 60.000 euros en chèques, chèques vacances et en espèces.
Des menaces de mort par SMS
Mais le cauchemar de la nouvelle direction du club ne s’arrête pas là. "Il y a eu une tentative d’incendie d’un local", relate à Europe 1 Thomas Chardon avant de poursuivre : "Moi, à titre personnel, ce sont des menaces de mort, d’extorsion, et de chantage pour intégrer le club", qui lui sont proférées.
Le nouveau président reçoit plusieurs SMS inquiétant : "Tu as 18h30 pour venir me voir au quartier sinon j’envoie des gens venir te chercher, on ne va pas rigoler. Dernier avertissement, la prochaine fois, je te plante", étaye-t-il au micro d’Europe 1. Rien ne semble arrêter ces personnes aux méthodes de voyous. Alors le propriétaire de la librairie le Pincerais à Poissy décide de porter plainte… Et d’avertir le cabinet de Sandrine Berno Dos Santos, maire Les Républicains de la ville.
La maire de Poissy interpellée par un voyou
La mairie de Poissy s’empare du sujet, et s’inquiète d’un risque de retour, dans le club, de personnes mal intentionnées issues de quartiers sensibles de Poissy aux pratiques communautaristes. Le préfet des Yvelines est alors averti, assure un proche de l’édile. La police municipale a même pour consignes de patrouiller régulièrement devant la librairie de Thomas Chardon pour détecter tout comportement suspect.
Mais la situation ne s’améliore pas, même si le principal suspect, auteur des nombreuses menaces de mort, est interpellé, avant d’être relâché. Un procès est prévu à cet effet le mois prochain. Mais cela ne l’empêche pas de récidiver et de franchir une étape supplémentaire à la fin du mois de janvier.
Selon les informations d’Europe 1, la maire de Poissy est prise à partie dans la rue par ce même homme qui réitère ses menaces à l’encontre du président du club et réclame plus de 10.000 euros. L’élue dépose une main courante mais refuse de porter plainte comme l’aurait voulu Thomas Chardon.
Ne se sentant pas assez soutenu, ce dernier publie un communiqué dans lequel il écrit : "Par l’absence de réponse forte, je me retrouve dans l’obligation de quitter mes fonctions car je ne peux plus les exercer dans la sérénité nécessaire", et démissionne.
La crainte d’un retour des voyous dans le club
Contacté par nos soins, le cabinet de Sandrine Berno Dos Santos se défend. "La plainte n’aurait pas été reçue étant donné que la maire n’a pas été directement menacée", argumente une source proche de l’édile, avant de s’interroger sur "le timing de cette démission". "Le club ne pouvait plus payer ses éducateurs, il y avait un vrai problème de gestion financière."
Quoiqu’il en soit, le Poissy FC, désormais dépourvu d’équipe dirigeante, fait aujourd’hui face au risque de voir ressurgir des personnes issues des quartiers sensibles avoisinants dans la vie du club. Plus que jamais, plusieurs sources du club tirent la sonnette d’alarme et craignent le pire si aucune solution n’est trouvée dans les prochaines semaines.