Le concept est séduisant : permettre au plus jeune public, les 3-9 ans, de regarder des vidéos sur des tablettes sans risquer de tomber sur des contenus inadaptés. Sur l'application YouTube Kids, lancée mercredi en France par Google et disponible gratuitement sur l'App Store et Google Play, l'enfant pourra visionner des épisodes de L'Âne Trotro, Pyjamasques, Peppa Pig, Petit Ours Brun mais aussi des émissions comme C'est pas Sorcier ou toute une sélection de comptines. Cette appli sécurisée comporte des avantages mais aussi certains inconvénients pour les tout-petits. Explications.
"Un environnement préparé et sécurisé" pour l'enfant
Selon une étude Ipsos pour Gulli publiée en novembre 2015, les 4-6 ans sont "scotchés" 2h22 tous les jours devant des écrans. Les 7-10 ans restent 2h53. "Quitte à ce que les parents mettent leurs enfants devant des tablettes, ce qui est une réalité partout dans le monde et aussi bien en France, autant que les enfants soient devant des contenus dédiés à leurs âges", argumente Justine Atlan, directrice de l'association e-Enfance. "Avec les risques que peut comporter une navigation sur YouTube, il fallait absolument encadrer ces usages", abonde Philippe Cayol, coordinateur d'Internet sans contrainte.
Sur YouTube Kids, tous les contenus sont vérifiés et filtrés. Un bon point pour tous les spécialistes du numérique et de la petite enfance. Autre avantage de cette plateforme, avance Justine Atlan, "il n'y a pas le côté réseau social" sur YouTube Kids. Les parents n'auront donc pas besoin de créer un compte pour accéder à l'application. Aucune donnée personnelle de l'enfant n'y sera stockée.
Sur cette plateforme, une minuterie est intégrée pour permettre de limiter le temps passé par vos chères têtes blondes devant l'écran. "Le temps de visionnage est fondamental", explique Justine Atlan, directrice de l'association e-Enfance. "Car si le parent ne contrôle pas ce que l'enfant regarde, il se rend bien compte du temps qui passe. Et comme les enfants perdent totalement la notion du temps quand ils sont installés devant une tablette, il est primordial de pouvoir le limiter".
"Laisser l'enfant seul sans accompagnement"
Si le temps de visionnage par défaut est d'une demi-heure, les responsables de Google France ont bien revu leur copie, délaissant les 2 à 3 heures minimums prévues initialement. Pour relancer l'application, une fois que le temps de visionnage est écoulé, l'enfant devra donc demander à son père ou à sa mère pour regarder à nouveau. "A ce moment précis, apprécie Justine Atlan, le parent va s'interroger et choisir ou non de relancer le programme".
Si le parent est beaucoup plus tranquille sur le contenu que regardera son enfant, il peut y avoir un risque trop important de laisser-aller. "Cette bonne intention de départ peut se pervertir", prévient la directrice de l'association e-Enfance. "Les parents pourraient avoir tendance à trop laisser l'enfant seul sans accompagnement. Il existe un risque d'un manque de communication entre le parent et l'enfant sur le seul canal d'information que possède l'enfant".
Des enfants "conditionnés" dès le plus jeune âge à la publicité
Comme sur le YouTube "classique", de spots de publicité peuvent apparaître avant le lancement vidéo. "Dès leur plus jeune âge, les enfants risquent bien d'être conditionnés à la publicité", regrette Justine Atlan, directrice de l'association e-Enfance. Et là aussi, la totale liberté des enfants face à leurs écrans n'est pas franchement rassurante.