"Les billets du mardi 31 mai seront remboursés selon les CGV : excepté le Chatrier, tous les courts seront remboursés à 50%." C’est peu dire que le communiqué de presse de la direction du tournoi de Roland-Garros a laissé tout le monde perplexe. Le règlement, très strict, veut qu’entre une et deux heures de jeu, les spectateurs soient remboursés de la moitié de leur billet. Et qu’au-delà de deux heures, il n’y ait aucun remboursement. Or, Novak Djokovic et Roberto Batista Agut, qui se sont affrontés lors du premier (et dernier) match sur le court Philippe-Chatrier, mardi, ont joué… 2h01.
2h de jeu=pas de remboursement..
— Maxime Matheron (@MatheronMaxime) May 31, 2016
Arrêt du match : 2h01 #RolandGarros#scandalepic.twitter.com/CjbDJwXvxm
Quelque 750.000 euros économisés. La décision de Roland-Garros de jouer ainsi la montre a évidemment suscité un… déluge de réactions sur les réseaux sociaux, une bonne partie des spectateurs ignorant cette subtilité réglementaire et découvrant l’intransigeance des organisateurs, qui n’ont guère commenté la chose. Lundi, le directeur du tournoi, Guy Forget, avait expliqué qu’une journée sans jeu à Roland coûtait 2 millions d’euros. En considérant que la prix moyen des places sur le Central mardi était de 100 euros (les prix allaient de 75 à 125 euros), le gain d'un non-remboursement de la moitié des places s'élève donc à quelque 750.000 euros, des frais qui auraient sans doute incombé à l'assureur du tournoi. 750.000 euros, c'est vrai que ça fait cher la minute...
Il n’y a pas que les malheureux spectateurs qui se sont plaints de la situation. La Polonaise Agnieszka Radwanska (n°2 mondiale) et la Roumaine Simona Halep (n°6) étaient elles aussi furax. "Je suis surprise et en colère. Ce n'est pas un tournoi à 10.000 (dollars de prix ndlr), c'est un Grand Chelem. Comment peut-on nous faire jouer sous la pluie ? Je ne peux pas jouer dans ces conditions", s’est insurgée la Polonaise, qui a concédé la bagatelle de dix jeux d’affilée mardi alors qu’elle menait 6-2, 3-0 face à la 102ème mondiale, Tsvetana Pironkova, avant l’interruption de la rencontre… dimanche. Halep, tout aussi perturbée par la météo et les balles gorgées d’eau, a abondé dans son sens : "Personne ne se soucie des joueuses".
Tomas Berdych, dont le match a été interrompu à… 2-1, s’est montré taquin :
Hey @AustralianOpen can you send us one roof here to paris?! You have 3down there #fedexmakeithappen#now
— Tomáš Berdych (@tomasberdych) May 31, 2016
"Hey, l’Open d’Australie, pouvez-vous nous envoyer un toit, ici, à Paris. Vous en avez trois, là-bas."
Djokovic a préféré en sourire. Dans son malheur, l’organisation du tournoi et son directeur, Guy Forget, sont sauvés par le fait que les critiques les plus vives ont été émises par celles qui ont perdu ou ceux qui étaient menés (puisqu’aucun match masculin n’a pu aller au bout), comme le Belge David Goffin (0-3 face à Ernests Gulbis), ce qui permettra toujours de les taxer de mauvais perdants. Novak Djokovic, qui a débuté son huitième de finales sous le crachin en fin de matinée - classe pour un n°1 mondial -, n’a pas trop élevé la voix. Il s’est contenté de prendre un parapluie lors de la reprise du jeu, dans l’après-midi. Pour amuser la galerie. Et peut-être aussi pour souligner le côté ubuesque de la situation qui, au final, n’aura fait rire personne, et surtout pas les malheureux spectateurs, privés de "vrai" tennis mardi mais aussi de leur argent...