LE TÉMOIGNAGE C’est une révélation rare dans le monde sportif. Serge Branco, l’ancien international camerounais, dévoile à Europe 1 comment lui et cinq autres joueurs de la sélection nationale du Cameroun ont été approchés par une mafia asiatique pour perdre un match des JO de Syndney.
La scène se déroule à Brisbane, en 2000. Le Cameroun s’apprête à jouer un quart de finale contre le Brésil. Un soir, à la sortie de l’entraînement, un homme vient parler à Serge Branco, alors défenseur du Cameroun. Il lui tend un morceau de papier, sur lequel sont inscrits six numéros : le sien, et ceux de cinq autres joueurs, dont la jeune star Samuel Eto’o. L’homme leur propose de se retrouver dans un hôtel pour "parler football".
Une porte cachée. Les six footballeurs pensent immédiatement à un agent, venu les recruter. Et cela tombe bien, pour Serge Branco, qui pensait profiter de la compétition sportive pour se faire repérer. Ils se rendent alors à la réception de cet hôtel. "On nous a emmenés au 67e étage", raconte Serge Branco à Europe 1. "Quinze minutes après, d’autres personnes nous emmènent six étages plus haut et on nous fait attendre dans une salle sombre". A cet instant, la scène prend une tournure totalement irréelle, se souvient l’ancien international. "Un homme arrive et pousse un mur, qui s’est retourné sur un salon luxueux", dans lequel pénètrent les six Camerounais.
>> Retrouvez le témoignage de Serge Branco :
Le rare témoignage d'un footballeur, approché...par Europe1frUn type "aux deux pieds coupés". Au bout de quelques minutes, "un monsieur est arrivé sur une chaise roulante. Il avait les deux pieds coupés. Il était poussé par deux gardes du corps costauds, tête rasée, lunettes de soleil, en costume et tout, comme dans les films de mafia", se rappelle Serge Branco. "Il était de type asiatique, de Malaisie ou d’Indonésie, je ne me souviens plus", continue-t-il. L’homme veut vraisemblablement parler affaires : "Il voulait qu’on perde le match contre le Brésil 2 buts à 1. Et si nous le faisions, chacun devait recevoir 600.000 dollars (470.000 euros), dont 300.000 en avance si nous acceptions".
Rapidement, les six jeunes titulaires prennent "peur". "On s’est dit qu’il y avait quelque chose de louche et dangereux", se souvient Serge Branco. Pourtant, "l’appât du gain était fort. 600.000 euros, c’est quelque chose, en Afrique". Mais les footballeurs refusent cette offre. L’homme dans son fauteuil roulant tient à les dédommager pour le dérangement et leur donne 20.000 euros pour "payer le taxi".
L’honnêteté paye, puisque lors de ce match, les Camerounais ont battu le Brésil et ont finalement gagné l’or aux JO cette année-là.
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