Le premier cas de dopage du Tour de France 2011 était attendu et il est tombé après une semaine de course. Alexandr Kolobnev, coureur de l’équipe russe Katusha, a été contrôlé positif à un diurétique. Quesako ? Patrick Magaloff est en charge depuis douze ans de la prévention du dopage au Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Il a accepté de lister pour Europe1.fr les produits dopants les plus utilisés dans le cyclisme, et plus largement dans le sport de haut niveau.
LES DIURETIQUES
L'Histoire. La nouvelle est tombée lors du premier jour de repos du Tour de France 2011. C'est Alexandr Kolobnev qui a été repris par la patrouille. Il a été contrôlé positif à un diurétique par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). En attendant l'avis de la contre-expertise, le coureur du Team Katusha a été exclu du Tour de France. Son directeur pourrait le licencier si le dopage était avéré.
Leurs effets thérapeutiques. Le diurétique en question serait de l’hydrochlorothiazide. Ce médicament est normalement utilisé pour limiter l’hypertension et pour les cas d’insuffisance cardiaque.
Intérêt pour le sportif. Les diurétiques possèdent un effet masquant, susceptible d’occulter la prise d’autres produits dopants comme les anabolisants, par exemple. "Si l’avis de la contre-expertise venait confirmer le contrôle positif de Kolobnev, on peut penser qu’il a pris d’autres substances illictes", explique Patrick Magaloff, directeur sports et santé de la comission médicale du CNOSF.
Dangers. "Tout de dépend de la quantité ingérée", précise Patrick Magaloff, pharmacien de profession. "Dans les cas de dopage, les quantité sont beaucoup plus élevées que dans un cadre thérapeutique. Ce sont des doses de cheval". Le diurétique est un produit dangereux. Il peut provoquer une insuffisance rénale ou un malaise cardiaque, à moyen terme.
L’EPO
L'histoire. Trois lettres devenues le symbole du dopage depuis 1998 et l'affaire Festina. Un médecin de cette équipe avait été contrôlé par les douaniers avec plus de 500 doses de produits dopants. Le médecin et le directeur sportif finissent par passer aux aveux. Quelques jours plus tard, la direction du Tour de France décide d'exclure l'ensemble de l'équipe.
L'effet thérapeutique. L’érythropoïétine est plus connue sous le nom d’EPO. "Elle a été dévoilée au grand jour avec l'affaire Festina mais l’EPO existe dans le sport de haut niveau depuis le début des années 1990", raconte Patrick Magaloff. "C’est une hormone de croissance normalement utilisée pour soigner les insuffisances rénales. La prise de ce médicament se fait par injection sanguine".
Intérêt pour le sportif. L’EPO permet de développer le nombre de globules rouges. "Pour le coureur cycliste ou le sportif en général, l’EPO améliore l’oxygénation et donne donc davantage d’énergie".
Dangers. "Le sang étant très épais, il existe des risques de thrombose par la formation de caillots sanguins". Cette substance est extrêmement dangereuse. "L’EPO peut et a déjà causé la mort".
LE CLENBUTEROL
L'histoire. Cette substance est plus connue depuis le Tour de France 2010 et le cas Contador. Contrôlé positif à ce produit dopant, Alberto Contador est suspendu à titre provisoire par l’Union cycliste internationale (UCI). Le triple vainqueur de la Grande Boucle clame toujours son innocence. Malgré les soupçons, le leader de la Saxo Bank a quand même été autorisé à prendre le départ de la 98e édition. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) ne tranchera sur ce cas qu'au début du mois d’août.
L'effet thérapeutique. Le clenbutérol est une substance active bêta-agoniste. "C’est un médicament vétérinaire qui est utilisé pour les problèmes pulmonaires chez les animaux", explique Patrick Magaloff.
Intérêt pour le sportif. "A grosse quantité, le clenbutérol a des vertus anabolisantes. Il permet d’augmenter la puissance musculaire".
Dangers. Pris à forte dose, le clenbutérol est très un produit dopant très dangereux. Il peut provoquer de graves problèmes cardiaques.
LES GLUCOCORTICOIDES
L'histoire. Pour l'heure, aucun coureur cycliste ni sportif de haut niveau n'a été contrôlé positif à ces substances. Mais "ces molécules nous inquiètent particulièrement au CNOSF", indique Patrick Magaloff. "Ils reviennent de plus en plus dans le sport ces derniers temps".
Leurs effets thérapeutiques. C’est en fait de la cortisone, des anti-inflammatoires très puissants qui permettent de soulager de violentes douleurs.
Intérêt pour le sportif. "Les sportifs prennent ces produits dopants pour repousser le seuil de la douleur. En gros, cette substance lui permet de repousser toujours un peu plus ses limites".
Dangers. "Ces glucocorticoïdes sont extrêmement dangereux. En arrêtant de prendre ces produits dopants, les glandes surrénales s’arrêtent de fonctionner. Ça peut causer la mort. Les défenses immunitaires peuvent également être très attaquées.