C'est le derby le plus chaud et le plus authentique de France. Dimanche, l'AS Saint-Etienne et l'Olympique lyonnais (OL) se retrouvent au stade Geoffroy-Guichard lors de la 15e journée de Ligue 1. Née dans les années 1950, cette rivalité locale s'est nourrie au fil des saisons de petites phrases restées dans les mémoires. Voici notre top 5.
1. "En football, Saint-Etienne sera toujours la capitale et Lyon sa banlieue."
Roger Rocher.
Président de l'ASSE entre 1961 et 1982, Roger Rocher a permis aux Verts d'accumuler les titres de champion (1964, 67 à 70, 74 à 76 et 81) et de tutoyer les sommets européens, avec notamment une fameuse finale de Coupe d'Europe des clubs champions perdue contre le Bayern Munich en 1976 (0-1). L'affaire de la caisse noire (financement des salaires des joueurs via des retenus sur les recettes) met les Verts dans le rouge. Champion en 1981, le club stéphanois devra attendre 32 ans avant de goûter à nouveau aux joies d'un trophée, avec le Coupe de la Ligue 2013 (photo). Pendant ce temps-là, l'OL de Jean-Michel Aulas a accumulé les titres : 7 de champion de France, 2 Coupes de France et 1 Coupe de la Ligue. Sur le plan du palmarès, Lyon est devenue en quelques années une très grosse banlieue...
2. "A l'envers comme à l'endroit, les Verts me donnent des boutons."
Raymond Domenech.
Formé à l'Olympique lyonnais, dont il porta également les couleurs chez les pros entre 1970 et 77, l'ancien sélectionneur des Bleus (2004 à 2010) n'a jamais eu son pareille pour allumer la (courte) mèche du derby rhodanien. Dans son récent Dico passionné du foot, Domenech revient sur cette formule qui a fait date. "Ce type de propos nourrit le mythe, la flamme, participe à l'entretien nécessaire du nomument qu'est ce derby du Lyonnais qui remonte aux années cinquante." Et l'ancien coach des Bleus de rappeler un autre épisode marquant du derby : la blessure de Christian Sarramagna, victime d'une double entorse après une charge du "Boucher", surnom de Domenech à l'époque. L'ancien défenseur de l'OL est allé tellement loin dans (la mise en scène) de sa détestation du vert qu'il a même expliqué un jour avoir pavé sa pelouse...
Jean-Michel Aulas chambre les Verts devant les Bad Gones :
3. "Il faut se qualifier pour la Champions League, parce que eux, ils la jouent à la Playstation !"
Jean-Michel Aulas.
25 septembre 2010. Au sortir d'une défaite à domicile sur un but de Dimitri Payet - la première des Verts en terre lyonnaise depuis 17 ans et la première tout court depuis 16 ans -, le président lyonnais tente de calmer la vindicte populaire en allant s'adresser au virage nord du Stade Gerland. Il vante les performances lyonnaises en Coupe d'Europe contre un adversaire qui tarde alors à la retrouver. Cette saison, et pour la première fois depuis très longtemps, ce sont les Verts qui sont les derniers qualifiés en Coupe d'Europe : ils disputent - certes avec un succès relatif - la Ligue Europa quand leur rival local n'a pas réussi à passer les barrages.
4. "Stoppez les essais nucléaires à Mururoa, faites-les à St-Etienne."
Supporters de l'OL.
30 septembre 1995. A peine élu, Jacques Chirac décide de reprendre les essais nucléaires dans le Pacifique. Les supporters de l'OL ne manquent pas de rebondir sur l'actualité avec cette banderole cynique. L'OL s'imposera 2-1 avec des buts d'Eric Assadourian et Florian Maurice. Pour rappel, Lyon et Saint-Etienne sont distantes d'à peine plus de 60 kilomètres. Le derby a toujours inspiré les supporters des deux camps qui se sont parfois fendus de jeux de mots ou de référence un peu moins drôles. On avoue un faible également pour cette banderole brandie un jour à Gerland : "en 76, c'est vos pieds qui étaient carrés" (en référence aux poteaux carrés de la finale de Glasgow, ndlr).
5. "Si je ne fais de concert à Saint-Étienne, c’est par conviction. C’est le club que je déteste le plus. J’aime pas leur maillot, ça me dégoûte !"
Benajmin Biolay.
31 octobre 2012. Preuve que le derby entre Lyon et Saint-Etienne est le plus fiévreux de France, c'est que même les artistes s'y mettent. En octobre 2012, le chanteur tient un discours anti-Verts particulièrement salé dans un entretien au magazine So Foot. Biolay s'attirera les foudres de Mickey 3D et de son leader, Mickaël Furnon, né à Saint-Etienne : "ce n'est pas de sa faute s'il est né à Lyon, qui n'est pas vraiment une ville de foot. Aulas a bien essayé d'enrichir l'OL pour en faire un club puissant et populaire, mais l'amour ne s'achète pas." Ces échanges pleins de mauvaise foi et d'arguments tout faits, nous, en tout cas, on achète !