Dans la tourmente depuis sa mise en examen dans l'affaire de la "sextape" de Mathieu Valbuena, Karim Benzema s'est exprimé publiquement pour la première fois, mercredi, dans un entretien diffusé sur TF1. Un rendez-vous capital pour le joueur du Real Madrid. L'a-t-il réussi ? "Sur la forme, oui, sur le fond pas du tout", estime au micro d'Europe 1 Franck Tapiro, président de l'agence de publicité "Hémisphère droit" et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy jusqu'en 2007. "Il a été offensif, avec une mise en scène assez sobre. Il était habillé de façon assez légère. Il n'a pas joué costume-cravate avec une paire de lunettes, comme d'autres auraient fait l'erreur." Habitué aux tenues bling-bling, Benzema avait laissé casquette et chaîne en or aux vestiaires et opté pour un sweat-shirt kaki à capuche, relativement passe-partout.
Benzema s'est défendu d'avoir voulu causer le moindre tort à Valbuena :
"Assez clair dans ses réponses." Malgré quelques regards fuyants et une certaine agitation - il s'est notamment repositionné dans son fauteuil -, Benzema n'a pas paru particulièrement tendu. Son discours, vraisemblablement rodé au préalable avec ses avocats, était très proche de ce qu'il a dit à la juge, si l'on s'en réfère au contenu de son audition publié le matin même dans les colonnes du quotidien Le Monde. "Je trouve que, dans ses réponses, il a été assez clair. Là-dessus, il a été plutôt assez convaincant", relève Franck Tapiro, qui a également travaillé avec la Fédération française de football en 2010. En enregistrant son intervention, montée a posteriori, Benzema ne prenait pas les risques d'une allocution en direct.
Et pourtant, Benzema a, semble-t-il, commis un bel impair. Le joueur du Real Madrid a en effet indiqué s'être présenté de lui-même à la justice pour être entendu dans cette affaire. Or, il a bien été convoqué avant d'être mis en examen pour "complicité de tentative de chantage" et "participation à une association de malfaiteurs". "Là où il ne m'a, non seulement, pas convaincu, mais là où il m'a choqué, c'est quand il parle de sa garde-à-vue, il dit qu'il s'est présenté de lui-même, mais c'est apparemment faux. Il a été convoqué, donc ça, c'est extrêmement grave", souligne Franck Tapiro. "S'il vient sur TF1, première chaîne d'Europe, raconter un mensonge pareil... Je peux vous dire qu'entre maintenant et le passage dans "Téléfoot", dimanche (une autre partie de l'entretien sera diffusée dans l'émission dominicale de TF1, ndlr), il va déjà passer pour un menteur."
Franck Tapiro conclut son analyse de l'intervention de Benzema d'une métaphore footballistique : "Il est entré dans cette interview avec un match à gagner, avec des buts à mettre. Il en a mis quelques-uns mais je pense que, malheureusement pour lui, il en a aussi mis contre son camp".