Le Paris United, qui a terminé premier de la conférence européenne des World Series of Boxing (WSB), s'attaquera en demi-finales aux Baku Fires (les 8 et 15 avril prochains). C'est donc le moment de faire le point avec Brahim Asloum, le patron de la franchise parisienne, pour qui le bilan est d'ores et déjà satisfaisant. Même si ce n'est pas facile tous les jours. Brahim, quel regard portez-vous sur Bakou (Azerbaïdjan) ? C'est une équipe qui est sortie première de la conférence asiatique, donc ils sont champions d'Asie comme on est champion d'Europe, qui est quand même assez homogène, ils ont un peu de tout, le niveau est assez relevé. Mais dans certaines catégories, on peut vraiment sortir notre épingle du jeu. C'est vrai qu'on a plusieurs blessures, donc on sera peut-être un petit peu handicapé, en 60 kilos par exemple où deux de nos boxeurs sont blessés. Espérons qu'ils se rétablissent, que les ouvertures soient bien cicatrisées, car ce n'est pas gagné d'avance, c'est du 50-50, ce seront des oppositions de style. À nos boxeurs de s'adapter au style asiatique, en espérant que les autres aient plus de mal. C'est l'une des plus grosses équipes, donc on va voir. Quelle équipe vouliez-vous défier alors ? C'était plus intéressant de prendre Astana par exemple, mais elles se valent en réalité. Los Angeles, on connaît la culture américaine, ce sont des boxes très basées sur du show, cela perturbe énormément, donc c'est mieux de les rencontrer en finale. Cela va se jouer aussi au physique, à l'état de forme des athlètes dans le sens où le championnat a été un peu long. On a manqué de réservoir, alors espérons qu'on récupère de la fraîcheur. Du coup, allez-vous recruter à l'intersaison ? On sera même obligé. Au mois de juin, il y a une draft, comme en NBA, avec les 200 meilleurs boxeurs du monde. Les douze franchises prennent les boxeurs qui seraient susceptibles de renforcer leur équipe, en fonction des styles dont elles ont besoin. On va se pencher un peu dessus après les play-offs. Et à travers les championnats de France, il y a un ou deux boxeurs qui m'ont plu, qui sont sortis du lot. Par contre, ce sont deux boxeurs qui sont dans des catégories où on est déjà pas mal, donc le but c'est d'en trouver dans des catégories où on est un peu plus faible, où on a besoin de se renforcer. Quel bilan faites-vous de la première phase des WSB ? C'est assez positif parce que l'objectif de début de saison était une qualification en play-offs et avoir un ou deux boxeurs qualifiés aux Jeux Olympiques. Là, on en a deux en individuel qui peuvent se qualifier: Ludovic Groguhe et Nordine Oubaali. On rentre dans le contrat d'objectifs du Ministère avec la Fédération pour avoir des athlètes qui défendront les couleurs de la France aux JO. C'est l'une des pièces maîtresses des World Series of Boxing, c'est la boxe professionnelle qui revient aux Jeux Olympiques sous cette ligue. C'est bien, je suis assez content de l'ensemble des choses. Maintenant, il faut gagner le titre ! Pensiez-vous votre équipe capable de jouer la gagne ? De gagner les World Series, j'aurais été prétentieux de penser cela. Maintenant, j'ai tendance à y croire. On a un effectif qui est solide, qui a envie, il y a un vrai groupe qui s'est créé, il y a une vraie dynamique et c'est vrai que cette dynamique fait dépasser aussi les frontières, certaines visions que l'on pouvait avoir au départ. Ils savent que c'est dans leurs cordes, à eux de faire la différence. "Ce n'est pas évident tous les jours" Quel rôle avez-vous auprès des boxeurs ? Là, par exemple, je suis sur le trajet de l'INSEP, donc je vais les voir (cet entretien a été réalisé vendredi 25 mars, NDLR). J'ai besoin de leur parler, de faire un point, de préparer la deuxième partie de saison avec les play-offs et les individuels, de les remobiliser, de leur apporter mon expérience, de redynamiser un peu le groupe. Comment vous comportez-vous avec eux ? Je suis assez compréhensif, j'étais athlète il n'y a pas si longtemps que cela... J'essaye de me mettre beaucoup à leur place pour qu'ils soient dans les meilleurs dispositions, comme j'ai pu l'être dans ma carrière, pour qu'ils soient à 100% dans leur travail. J'essaye de palier à tout cela. Aimez-vous ce nouveau métier ? Même si j'aurais aimé être encore boxeur bien évidemment - j'avais encore quatre-cinq ans devant moi pour pouvoir m'exprimer, il s'avère que les choses se sont arrêtées assez brutalement à cause de mon ancien diffuseur (Canal+, NDLR). Disons que c'est un autre combat, différent, j'apprends beaucoup sur le tas, je prends du plaisir à mettre cela en place. Même si ce n'est pas évident tous les jours. Regrettez-vous de vous être engagé ? Non, même si j'aurais préféré que les sponsors et les annonceurs se manifestent plus tôt, mais c'est comme cela. Montrons que c'est un championnat viable, intéressant, et les annonceurs viendront par la suite. Aujourd'hui, cela se présente, donc c'est encourageant. Il y a deux-trois bonnes pistes, j'espère qu'ils finaliseront avant les finales des play-offs pour préparer la saison prochaine. Et financièrement, vous en sortez-vous ? Je suis en perte. Il faut faire en sorte que l'année prochaine on soit à zéro, et que l'année d'après on commence à avoir un peu de positif. Mais c'est comme dans toutes les structures qui essayent, qui commencent...