Lionel Messi a remporté lundi à Zurich le cinquième Ballon d'Or de sa carrière. Ce triomphe attendu résulte d'un scrutin de trois collèges de votants (journalistes, capitaines des équipes nationales et sélectionneurs). Dans son édition de mardi, l'hebdomadaire France Football, à l'origine du Ballon d'Or et qui partage aujourd'hui l'organisation du trophée avec la Fifa, publie le détail des votes. Leur consultation ne manque jamais de piquant.
Le vote amical. C'est souvent l'une des critiques les plus souvent entendues à propos du Ballon d'Or. Les résultats sont faussés par le copinage. Par le passé, seuls les journalistes étaient pointés du doigt. Depuis leur entrée dans le collège électoral en 2010, les capitaines et les sélectionneurs n'échappent à la règle. Et eux aussi cèdent à la facilité.
Ainsi, le grand vainqueur de la soirée, Lionel Messi, capitaine de l'Argentine, ne s'est pas cassé la tête. Il a placé sur le podium trois de ses coéquipiers : Luis Suarez, Neymar et Andres Iniesta. Son dauphin au classement, Cristiano Ronaldo, n'a pas cherché la complication non plus : Karim Benzema (quand on sait que l'attaquant des Bleus a été mis en examen cette année, ce choix ne manque pas de saveur), James Rodriguez et Gareth Bale. Connaissant la susceptibilité de ces immenses joueurs, on comprend le choix des capitaines. Il faut valoriser son vestiaire. Troisième, Neymar avance comme Messi un top 3 "100% Barça", avec Messi, Suarez et Ivan Rakitic. Quatrième, le Polonais Robert Lewandowski a lui aussi placé trois de ses coéquipiers au Bayern Munich dans son Top 3 : Manuel Neuer, Arturo Vidal et Thomas Müller.
Le vote des Français. Le vote du directeur de la rédaction de France Football, Gérard Ejnès, diffère assez peu du classement final : Messi, Cristiano Ronaldo, Suarez (finalement 5e). C'est moins bien que le capitaine des Bleus, Hugo Lloris, qui a trouvé le tiercé dans l'ordre, avec Messi, "CR7" et Neymar. Didier Deschamps, le sélectionneur de l'équipe de France, a lui choisi son camp : malgré la ribambelle de titres du Barça en 2015, il a choisi de placer en tête le Portugais Ronaldo. Messi est deuxième. La surprise vient du troisième, l'Allemand Thomas Müller, anti-star mais formidable joueur. Cinquième l'an dernier, le joueur du Bayern termine cette fois à la sixième place. On le constate : les Français n'ont pas accordé de voix à leurs compatriotes. En dehors de Ronaldo, qui a placé Benzema en tête, un autre joueur a placé un Français en tête : le capitaine du Vanuatu, Fenedy Masauvakalo, a en effet accordé les 5 points de sa première place au milieu de terrain de la Juventus Turin, Paul Pogba.
Les votes insolites. Parmi les autres votes "amicaux" un peu insolites, on notera celui du capitaine de la Belgique, Vincent Kompany, qui a placé Eden Hazard à la première place, devant Kévin De Bruyne. Messi est quand même troisième. Autre vote de proximité géographique, celui du capitaine des Lions indomptables du Cameroun, Stéphane Mbia. L'ancien milieu de terrain de l'OM a placé l'Ivoirien Yaya Touré en première position, devant... Zlatan Ibrahimovic et Neuer. Nulle trace ici de Barcelonais.
Les abstentions. Et puis, en plus des votes insolites, il y a les absences de vote. Les deux légendes du poste de gardien de but, l'Espagnol Iker Casillas et l'Italien Gianluigi Buffon, ont tous les deux zappé leurs "obligations" de capitaine. Si l'on ignore les raisons de l'absence de Casillas, on sait que Buffon mais aussi le sélectionneur italien ont été enjoints à boycotter le vote par la fédération italienne. Celle-ci était mécontente que "Gigi" ne figure pas dans la liste des 59 pré-sélectionnés, alors que cinq gardiens de but y figuraient : Neuer, Casillas, Thibaut Courtois, Claudio Bravo et David Ospina. Aucun gardien n'a plus remporté la récompense suprême pour un joueur depuis le Russe Lev Yachine, sacré en 1963.