Un célèbre constructeur automobile a fait de la notion de "deutsche qualität" un argument de vente. Aujourd’hui, c’est un club de football qui semble en être le dépositaire. Mercredi soir, le Bayern Munich, champion d’Europe en titre, a remporté le championnat d’Allemagne, à sept journées de la fin, avec un nombre de victoires record. Le chroniqueur d’Europe 1, Daniel Cohn-Bendit, explique les raisons d’une réussite exemplaire.
"Le succès du Bayern Munich cette saison, c’est la qualité de ses joueurs et celle de son entraîneur, "Pep" Guardiola. Le club avait déjà remporté la Ligue des champions l’année dernière mais Guardiola en a fait une "super" équipe en apportant quelques ajustements, avec notamment l’arrivée de Thiago Alcantara, qu’il avait eu à Barcelone. Guardiola est marqué Barcelone, a marqué FC Barcelone et maintenant, il a marqué le Bayern. Ce Bayern-là n’a pas qu’un style de jeu, il en a plusieurs. Il peut jouer "à la Barcelone", avec des passes courtes et un jeu très haut, mais il est aussi capable de se projeter vite vers l’avant en partant de ses lignes arrières. Il n’a pas de point faible. Franz Beckenbauer regrette le manque de buts spectaculaires ? C’est faux, Kroos a parfois marqué des vingt mètres. Alors bon…
Cette saison a également marquée par la peine de prison prononcée contre Uli Hoeness, son président. Hoeness, c’était un peu le parrain de ce club. Il avait un réseau. Aujourd’hui, tous, à commencer par Guardiola, se sentent redevables envers lui. Ils ne veulent pas se poser la question de la fraude fiscale, qui n’était pourtant pas une bagatelle... Mais c’est comme ça au Bayern. Le club est très fort. Quand Ribéry a eu ses démêlés avec la justice à cause de l’affaire Zahia, le club était présent, l’a soutenu, et c’est pour ça qu’il parle de famille. Alors, c’est une famille, certes, mais où on gagne beaucoup d’argent…
Car le Bayern, c’est aussi une idée économique, un club de haut niveau qui n’appartient ni au Qatar ni à un oligarque russe (c’est devenu rare !). C’est une réussite économique, avec un stade toujours rempli et une politique de recrutement très agressive. Sur les deux derniers saisons, il a affaibli son principal concurrent, Dortmund, en achetant ses deux meilleurs joueurs, Götze l’an dernier et Lewandowski cette année. Mais le problème du Bayern, c’est que tout au long de l’année, il n’a pas de défi à relever. Ce n’est pas le cas en Espagne, où deux-trois clubs, le Real Madrid, le Barça s’affrontent en championnat, en Coupe. Alors, avec Manchester United, le Bayern a sûrement eu le meilleur tirage pour les quarts de finale de la Ligue des champions. Mais j’attends de voir avec impatience ce que ça peut donner contre le Real ou Barcelone. Ce sera sûrement le cas en demi-finales… "
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