Dans l'impasse à Bordeaux, David Bellion tente de se relancer à Nice, club dont il a défendu les couleurs en 2006-07. Avant d'effectuer ses débuts samedi à Créteil en 32e de finale de la Coupe de France, l'attaquant évoque sa période difficile en terre girondine, notamment la saison dernière sous les ordres de Laurent Blanc, et ses ambitions pour 2011. David, vous revoilà à Nice. Comment s'est passé votre retour au sein du club ? Tout va bien. Cela a vraiment été une bonne adaptation, je suis un peu de la maison, il y a des gens que je connaissais qui sont encore au club. Je connais bien l'entraîneur et certains joueurs. Tout s'est fait très très facilement. L'intégration en tout cas. Pourquoi avoir opté pour Nice et pas d'autres clubs, plus huppés notamment ? Je ne suis pas quelqu'un qui doit forcément rechercher un club huppé pour se relancer. J'ai toujours eu besoin d'avoir un bon projet sportif, et à Nice il y a une bonne équipe avec un très bon potentiel. Maintenant, il faut le développer. Vu comment le Championnat est très serré en ce moment, je ne vois pas pourquoi je n'irai pas à Nice. C'est une équipe qui me plaît, j'ai toujours apprécié ce club. J'aime bien leur physionomie de jeu, l'ambiance, les joueurs. Quand j'étais à Manchester, malgré les nombreux clubs intéressés, j'ai préféré aller à Nice parce que c'est un club de coeur. J'ai toujours fait des choix de coeur, en me disant que derrière, il y aurait toujours un projet sportif qui suivrait. Et c'est le cas à Nice. La Côte d'Azur (il a été formé à Cannes) vous réussit plutôt bien puisque lors de votre premier séjour à Nice, vous aviez réalisé une année et demie pleine avec 12 buts, pensez-vous avoir la même réussite ? C'est vrai. Je n'ai pas grandi à Nice, mais Cannes, c'est à côté, donc je connais bien la région. Je savais que j'allais facilement m'adapter. C'est déjà une bonne chose de faite. Il faut toujours prendre les bons souvenirs comme les mauvais d'ailleurs. Il faut avoir l'expérience et ne plus les renouveler. Je reviens avec un peu plus de maturité et d'expérience. La seule chose qui est importante pour moi, c'est de retrouver une forme physique parce que je n'ai rien fait pendant presque un an. Il faut vraiment que je revienne au top niveau physique. "Tigana, je ne préfère même pas en parler..." Après des débuts très prometteurs à Manchester United, puis ensuite à Bordeaux où vous aviez même reçu une présélection pour l'équipe de France, vous n'avez pas réussi à vous imposer... Comment pouvez-vous l'expliquer ? D'une part parce que j'ai certains défauts qui ne m'ont peut-être pas permis de franchir certains paliers, tactiquement ou défensivement. Pour un attaquant, je ne suis pas resté assez constant. C'est quelque chose où j'ai toujours eu du mal à trouver un équilibre. A l'époque, ça a été un souci. Mais par rapport à l'année dernière, il y a eu un choix tactique qui a été visible vraiment d'entrée, où Marouane (Chamakh) a joué toute l'année en pointe sans sortir. Que ce soit pour moi ou Cavenaghi, ça a un peu tué l'année. Et là avec l'arrivée de Tigana, c'est une autre histoire, je ne préfère même pas en parler pour le moment... Les choix de Laurent Blanc la saison passée ne vous ont donc pas beaucoup aidé à confirmer vos deux premières saisons girondines... Les choix tactiques de Blanc m'ont cramé. Tactiquement, il y a eu tellement peu de turnover qu'à un moment donné, quand on me donnait ma chance, j'étais cuit, comme certains. A chaque fois que l'on avait une chance de jouer, on n'avait pas le niveau physique d'un joueur de Ligue 1. Vous avez été prêté à Nice pour six mois, pourriez-vous ensuite envisager un retour à Bordeaux ? Je viens juste d'arriver, je ne fais aucun plan. Je vois vraiment à l'instinct. Là, pour le moment, le principal, c'est de reconsolider un peu mon niveau, on verra plus tard. Ce que je sais, c'est que je suis en prêt pendant cinq mois. De toute manière, je suis à Bordeaux jusqu'en 2014, donc c'est loin. J'ai vraiment le temps de réfléchir sur un choix stratégique. Là, c'était un choix de coeur pour justement jouer et apporter ma petite pierre à l'édifice niçois. J'espère juste taper dans le ballon, m'éclater et retrouver les terrains. Nice reste sur une première moitié de saison assez mitigée, avec une 15e place au classement, que pensez-vous pouvoir apporter pour vraiment rebondir lors de la deuxième partie de Championnat ? Au niveau des places dans notre Championnat, je ne pense pas que ça compte réellement pour l'instant, étant donné l'écart qui sépare le 15e et le 5e. Je compte apporter mon style, tout simplement. Je ne vais pas dire ma fraîcheur parce que je crois qu'il y a des joueurs qui sont plus frais car ils ont plus de rythme. J'ai un certain style instinctif, j'aime bien jouer dans la profondeur, dans l'axe ou sur le côté. Donner aussi un petit peu de folie. C'est mon style, mais je compte aussi m'adapter aux autres joueurs, qui ont énormément de qualité. Ils sont là depuis longtemps, ancrés dans le club depuis plusieurs années, il y a une ossature à respecter et je vais m'adapter. Je viens toujours avec beaucoup de discrétion mais pas forcément sur le terrain. Que ce soit avec Ljuboja, Mouloungui, Ben Saada, Bamogo, Mounier, Bagayoko, avec qui j'ai joué à Nice, il y a un réel niveau offensif. C'est moi qui arrive au club et je vais tout faire pour m'adapter. "La coupe pour booster une saison" Les Niçois sont pourtant en difficulté offensivement, avant-dernière attaque de Ligue 1 avec seulement 14 buts marqués, pouvez-vous être le déclic offensif dont a besoin l'équipe ? Oui, je l'espère, ce qui ne veut pas forcément dire d'être le meilleur buteur à la fin. Si j'en marque, tant mieux, mais un déclic dans le sens d'apporter peut-être de la profondeur pour qu'un autre marque, emmener un défenseur pour créer un espace dans l'axe ou faire une passe décisive, j'espère. Pour le moment, il est vrai qu'il n'y a pas eu beaucoup de buts, mais ça ne veut pas dire que les attaquants qui sont là ne sont pas capables de marquer. C'est juste qu'à un moment donné, on est en manque de réussite. A Bordeaux aussi, ce sont plus des milieux et des défenseurs qui viennent de loin qui marquent des buts. A Nice, je l'ai vu à l'entraînement, tous les joueurs sont adroits, mais en match parfois, ça n'est pas le cas. La deuxième partie de saison commence samedi avec la Coupe de France et le déplacement à Créteil. Le président a récemment déclaré qu'une demi-finale ou une finale dans cette compétition serait parfait. Qu'en pensez-vous ? Je pense effectivement qu'une coupe est un bon tremplin pour booster une saison. Là, il y a vraiment un groupe vraiment cool, jeune, où il y a de très bonnes relations. Il faut concrétiser avec un match exemplaire contre Créteil, quelque chose qui peut nous booster et faire avancer. Comment abordez-vous ce déplacement à Créteil pour votre premier match niçois ? Je suis dans le groupe mais pour jouer, je pense qu'il ne faut pas brûler les étapes. Parce que le fait de n'avoir rien fait pendant presque un an et jouer tout d'un coup un match, ça va être difficile, surtout qu'il y a de la concurrence. Mais je suis aussi venu pour m'imposer et jouer. Dernière question: vous avez connu l'équipe de France Espoirs et une présélection en A avec Bordeaux, vous sentez-vous toujours capable de postuler à une sélection ? Nice a fait progresser énormément de joueurs, dont Loïc Rémy, Rod Fanni, Hugo Lloris, Patrice Evra, Florent Balmont qui peut prétendre vu son style et son niveau à Lille à être appelé, et j'en passe. Mais je ne suis pas venu ici pour jouer en équipe de France, il faut avoir beaucoup d'humilité. Je veux jouer, me faire plaisir, et faire quelque chose de sérieux à Nice dans mes six mois de prêt.