Le président de l'Agence française de lutte contre le dopage, Pierre Bordry, a démissionné. Une page se tourne au sein de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). Près de dix mois après la disparition de Jacques de Ceaurriz, directeur du laboratoire de dépistage du dopage de Châtenay-Malabry, fidèle parmi les fidèles de la lutte contre le dopage, Pierre Bordry, autre pionnier dans le domaine, fait lui le choix de se retirer du jeu. Agé de 71 ans, à la tête de l'AFLD depuis octobre 2006, ce conseiller d'Etat a vendredi surpris en annonçant sa démission, alors que son mandat arrivait à expiration le 1er juillet 2011. "J'ai remis ma démission. L'agence est arrivée à un haut niveau de fonctionnement, son professionnalisme a été reconnu par l'AMA (Agence mondiale antidopage)", a-t-il déclaré par téléphone à l'agence Reuters. "La lutte contre le dopage est une charge très lourde. Il ne me reste plus que quelques mois dans ma fonction. Je la quitte au moment opportun", a-t-il ajouté. "Mon successeur sera désigné par la présidence de la République sur recommandation du Conseil de l'Etat. Je partirai une fois ce successeur officiellement désigné, le 1er octobre." Et de conclure, laconique: "Il y a des décisions très importantes à prendre." Ces derniers mots comme un avertissement de la part de ce membre éminent du Conseil d'Etat, qui au cours de ces cinq années passées à traquer sans relâche les pratiques dopantes, qui gangrènent le sport, et surtout à organiser la lutte en France  il sera l'homme de la transition entre l'ex-CPLD (Conseil de prévoyance et de lutte contre le dopage) et l'actuelle AFLD  se sera construit une réputation implacable pour sa vision militante de la lutte contre le dopage, proche parfois, diront certains, de l'intégrisme. En guerre avec l'UCI Un combat qui se cristallisera autour de ses rapports toujours plus conflictuels avec l'Union cycliste internationale jusqu'au clash du Tour de France 2008 sur lequel Bordry obtiendra que l'AFLD soit seule en charge des contrôles anti-dopage. Hasard ou coïncidence, cette autonomie permettra de confondre cette année-là pas moins de sept coureurs positifs, dont trois de ses principaux acteurs: l'Italien Ricardo Ricco, l'Autrichien Bernhard Kohl et l'Allemand Stefan Schumacher. Deux ans plus tard, confronté à une nouvelle détérioration de ses relations avec l'UCI, qui décidait de ne pas collaborer avec l'agence française lors du dernier Tour de France, l'AFLD ne devait sa présence sur la Grande Boucle, tolérée sous la forme de contrôles additionnels, qu'à l'intervention de l'Agence mondiale antidopage (AMA). Depuis Bordry, toujours prompt à dénoncer les manquements et les largesses coupables de l'UCI, notamment dans le cadre du retour de Lance Armstrong à la compétition, ne cachait pas son inquiétude et n'avait de cesse de dénoncer et de rappeler à son ministère de tutelle, le manque de moyens, qui de plus en plus entravait, selon lui, la mission pourtant toujours plus lourde de l'AFLD.