TOUR - L'attaque de Contador, qui a profité de l'ennui mécanique de Schleck, fait débat. Alberto Contador et Andy Schleck ne discutent plus, le sourire aux lèvres. Ils ne font plus du surplace dans les cols. Désormais, ils attaquent et s'attaquent. Nous sommes à quatre kilomètres du sommet du Port de Balès, la grande difficulté du jour vers Bagnères-de-Luchon, lorsque Andy Schleck place une mine en tête du groupe des favoris. Pris en chasse par Alexandre Vinokourov, le Luxembourgeois est victime d'un déraillement de sa chaîne, peut-être dû à une erreur dans le changement de vitesse. Quelques mètres plus loin, Alberto Contador le dépasse par la gauche et place une contre-attaque fulgurante. "Je me doutais qu'il y aurait polémique, a expliqué Contador, nouveau leader du Tour. Ce sont les circonstances de course. Quand j'ai appris qu'il y avait l'incident mécanique, j'étais devant, la course était lancée. Ce n'est pas comme dans l'étape de Spa (où le peloton avait attendu les frères Schleck qui avaient chuté, ndlr)". Même s'il explique ne pas avoir pris conscience de l'incident de Schleck, Contador a forcément dû s'en rendre compte, le maillot jaune était quasiment arrêté au milieu de la chaussée lorsqu'il le doubla. Désormais deuxième du classement général, à huit secondes, Schleck l'avait forcément mauvaise à l'arrivée. "Je n'aurais pas tiré avantage de cette situation, a expliqué le Luxembourgeois. C'est sûr que ces mecs-là n'auraient pas gagné le prix du fair-play aujourd'hui." Écoutez Andy Schleck au micro de Loïs Ledu : Chez Saxo Bank, on n'a pas voulu commenter cet incident de course. "Ce sont des choses que je ne peux pas commenter, ce sont des circonstances de course. On est dans le final, c'est comme ça", a déclaré le manager Bjarne Riis. Le coéquipier de Schleck, Jakob Fuglsang, s'est, lui, montré plus disert sur son Twitter : "Je n'ai pas vraiment de mots pour ce qui est arrivé aujourd'hui, mais je pense que les "mots" du public envers Contador étaient raisonnables... Bouuhh.... On va continuer à se battre." Lors de la remise du maillot jaune, Contador a été copieusement sifflé par les spectateurs réunis au pied du podium... Cette attitude a fortement déplu à Laurent Jalabert. "Contador a été applaudi par les Espagnols mais il y a eu des huées et ce n'est pas normal du tout", a estimé Jalabert sur France 2. "Il n'y a pas lieu à polémiquer." C'est ce que pense aussi Laurent Fignon, consultant Europe 1, qui a donné son avis dans le "Club Tour" : "au moment de l'incident mécanique, Contador ne peut pas savoir si Schleck va s'arrêter ou non. Comme on est dans la course, on ne s'arrête pas. Plus loin, on remarque que lorsqu'il est avec Sanchez et Menchov, Contador se pose des questions, il les laisse faire et quand il voit que Schleck est revenu à une quizaine de secondes derrière lui, il réaccélère car il considère que la course est à nouveau viable. Le problème mécanique n'est provoqué par personne, mis à part par Schleck lui-même. Il n'y a aucune raison d'arrêter la course." Et cette course, elle n'est pas finie et Schleck et Contador devraient continuer à l'animer lors des deux dernières étapes pyrénéennes, mardi et jeudi. Ça promet.