Depuis l'annonce, le 30 septembre dernier, de la découverte de traces de clenbutérol dans ses urines lors du deuxième jour de repos du Tour de France, à Pau, Alberto Contador accuse toujours et encore la même chose : la viande qu'il a mangée la veille. Or, cette thèse du filet de veau empoisonné a de plus en plus de plomb dans l'aile.
Le quotidien espagnol El Pais publie mercredi des extraits d'un rapport que l'Agence mondiale antidopage aurait transmis à la Fédération espagnole (RFEC) via l'Union cycliste internationale (UCI). Ce rapport a sans doute motivé, le 8 novembre dernier, l'ouverture d'une procédure disciplinaire à l'encontre du vainqueur sortant du Tour.
Que dit exactement ce rapport ? Il souligne que la probabilité pour que Contador ait ingéré de la viande contaminée est quasi nulle. ""Aucune trace de clenbutérol n'a été trouvée dans les recherches et les analyses effectuées sur les échantillons de viande", écrit El Pais. Car il n'y a pas qu'un journaliste de Sud-Ouest qui a eu l'idée de tester la viande vendue dans la région d'Irun. Des experts de l'AMA se sont également rendus sur place en juin. Et ils rendent un verdict sans appel.
Car non seulement ils n'ont pas trouvé de clenbutérol dans les viandes de la boucherie "incriminée" - celle où a été acheté le veau - mais ils ont fait également référence à une étude de l'UE particulièrement éloquente.
Une viande sur 300.000 contaminée au clenbutérol
Menée en 2008, cette étude, portant sur 300.000 analyses de viande, démontre que dans "seulement un cas (sur les 300.000), il existait la possibilité d'un recours au clenbutérol" pour augmenter la masse musculaire de l'animal. Enfin, dans le cas - très improbable comme le laisse entendre ce rapport - où Contador aurait tout de même mangé du veau "contaminé", les traces de clenbutérol dans l'organisme de l'Espagnol auraient été beaucoup plus importantes, de l'ordre de 1 à 100. Reste que les experts de l'AMA ne s'expliquent pas pourquoi la dose découverte chez le vainqueur du Tour est aussi faible.
A cette dose - équivalente à 50 picogrammes, soit un millième de nanogramme -, le clenbutérol n'a pas pu servir de produit dopant ni de broncho-dilatateur pour Contador, qui souffre d'asthmes et qui dispose, à ce titre, de plusieurs AUT (autorisations thérapeutiques). Les traces de plastiques retrouvés dans les urines du Madrilène pourraient être une piste pour expliquer la présence de ce résidu (auto-transfusion sanguine ?). Mais le veau, lui, semble définitivement innocent.