Qui a fini troisième de la Coupe du monde en 2010 ? Ne vous en voulez pas, tout le monde (ou presque) a oublié*. L’histoire ne retient que le nom des finalistes, et ce n’est pas prêt de changer. Humiliés par l’Allemagne en demi-finale (1-7), les Brésiliens auraient certainement préféré rentrer chez eux se cacher sous la couette. Non, ils ont encore un match à jouer pour "conquérir" la troisième place de "leur" Coupe du monde. Calvaire ou rédemption ?
"On ne devrait pas jouer pour cette troisième place". Louis Van Gaal, dont la sélection néerlandaise a été éliminée aux tirs au but par l’Argentine, s‘est déjà fait sa propre religion : "je ne pense pas que ce match devrait se jouer. Il n’y a rien de pire que de perdre deux fois de suite après avoir fait un tournoi fantastique. Je l’avais déjà dit il y 10 ans : on ne devrait pas jouer pour cette troisième place. Ça ne consolera pas du fait de ne pas être champion." Ses joueurs, sous le coup de la déception, semblent partager le même point de vue. Pour Ron Vlaar, excellent contre Messi et ses copains, "c'est triste car seul compte le titre. Il y a encore ce match pour la troisième place... Ce n'est pas la même chose". On a vu plus enthousiaste…
"Permettre de faire découvrir le haut niveau à des jeunes". S’il comprend que "la troisième place, les Néerlandais s’en moquent complètement", Raymond Domenech, consultant d’Europe 1 pendant toute la compétition, assure toutefois ne pas être "du tout d’accord avec Van Gaal" car "c’est quand même l’équivalent d’une médaille de bronze, on n’a pas le droit de sous-estimer cela." Le sélectionneur des Bleus de 2004 à 2010 voit un autre avantage à cette "petite finale" : "cela peut permettre de faire découvrir le haut niveau à des jeunes. C’est ce que la France avait fait en 1986." Ce qui avait permis à un tout jeune attaquant du nom de Jean-Pierre Papin d’inscrire, face à la Belgique, son second et dernier but dans la plus prestigieuse des compétitions. Non négligeable.
"Envoyer un message aux supporters brésiliens". Si les Oranje renâclent, les Brésiliens, eux tiennent là une opportunité de se racheter après la déculottée allemande. "On bataillera pour la troisième place à Brasilia et on espère qu’on aura le soutien" du peuple brésilien, a assuré Luiz Felipe Scolari au lendemain du "drame national". Neymar, qui a tant manqué sur la pelouse, fera d’ailleurs le déplacement pour soutenir ses copains. "Le vrai intérêt de ce match, c’est le Brésil. Ils ont l’occasion d’envoyer un message à leurs supporters : ‘pardon, on valait mieux que cela’", confirme Raymond Domenech.
"Pour le palmarès d’une nation, cela a un sens". Reste à savoir dans quel état psychologique seront les joueurs auriverde, complètement dévastés après leur défaite, en larmes sur la pelouse. "Scolari devra faire un bilan de la santé morale de ses troupes : qui est capable ? Qui peut ramener un peu de bonheur aux Brésiliens ? Qui est beaucoup trop abattu pour jouer ?", juge notre consultant, pour qui la Seleçao doit s’emparer de cette possibilité de bien finir son tournoi. Facile à dire, moins facile à faire. "C’est difficile de se motiver, les joueurs sont montés tellement haut en pression, ont tellement rêvé en grand… Mais pour le palmarès d’une nation, cela a un sens." On passe le message à Van Gaal.
*L’Allemagne avait battu l’Uruguay (3-2)
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