LIGUE 1 - Loin d'être souverain dans le mercato phocéen, le technicien semble fragilisé. En ramenant l'OM au sommet du foot français en mai dernier après 18 ans de disette, Didier Deschamps pensait sans doute avoir les coudées franches en matière de recrutement pour permettre au club phocéen non seulement de défendre son titre, mais surtout de franchir un palier sur la scène européenne, objectif partagé avec ses dirigeants. Seulement voilà, en quelques semaines, le vent a tourné au sein d'un club qui ne semble plus aussi soudé qu'au moment des célébrations du titre il y a trois mois. Les primes versées aux joueurs pour le titre sont passées par là et l'actionnaire a décidé de mettre un frein aux dépenses et à une politique de gros salaires qui avaient permis la saison dernière à «DD» d'obtenir gain de cause, avec notamment les recrutements de Lucho Gonzalez, Edouard Cissé, Stéphane Mbia, Gabriel Heinze, Souleymane Diawara et Fabrice Abriel, entre autres. Mis devant le fait accompli, Deschamps avait toutefois pu convaincre ses dirigeants de remplacer Laurent Bonnart, en fin de contrat, par l'espoir espagnol Cesar Azpilicueta, moyennant 7 millions d'euros tout de même, il souhaitait en plus un milieu, avec une préférence avouée pour le capitaine des Girondins de Bordeaux Alou Diarra, dont la clause de cession se monte à 7,75 millions d'euros, et un attaquant de classe internationale pour épauler Mamadou Niang. Deux souhaits qui ne seront pas exaucés. Jeudi, sur le site de l'OM, Antoine Veyrat, directeur général, a ainsi confié à propos de l'international français: "C'est un joueur excellent que Didier apprécie mais Bordeaux a exprimé très clairement que ce serait compliqué d'aller le chercher", avant d'ajouter que le club en était "à peu près nulle part". Pire, à quelques jours de la reprise, Mamadou Niang a pris tout le monde de cours en demandant à quitter le club pour signer un contrat mirobolant en faveur du club turc de Fenerbahçe. Pour services rendus, l'OM ne s'y est pas opposé, au grand dam d'un Deschamps qui a vu ses plans voler en éclats. Depuis, le ressort semble cassé entre les dirigeants et un entraîneur relégué au second plan en matière de recrutement derrière le directeur sportif, José Anigo, subitement sorti de l'ombre. Gignac ? "Ce n'est pas forcément mon choix" C'est notamment l'ancien «Minot» qui a conclu cette semaine avec Nice le transfert de Loïc Rémy pour 15 millions d'euros, un joueur que Deschamps a défendu du bout des lèvres jeudi lors de sa conférence de presse à la Commanderie: "Un choix par défaut ? Ce serait insultant voire humiliant pour Loïc. Après, je m'adapte... Ce n'est pas remettre en cause le potentiel de Loïc Rémy, bien au contraire, il y a ce qu'on peut faire, ce qu'on ne peut pas faire, je suis content qu'il puisse nous rejoindre et nous amener tout son potentiel." On l'a connu plus enthousiaste. Discours presque identique concernant l'arrivée programmée du Toulousain André-Pierre Gignac, là encore pour une somme proche de 15 millions d'euros: "Ce n'est pas forcément mon choix. Il y a plusieurs possibilités, après on peut ou on ne peut pas, je suis bien obligé de faire en fonction de l'aspect économique et de trouver des solutions alternatives sans enlever de la qualité aux joueurs qui peuvent arriver. J'ai toujours considéré, et Gignac le sait bien, que sur les joueurs qui évoluent en Ligue 1, c'est certainement celui qui a le meilleur potentiel dans ce rôle d'avant-centre." De l'art de souffler le chaud et le froid. "Un entraîneur est obligé de s'adapter de toute façon, donc je m'adapte" Habile politique, Didier Deschamps ne parle jamais pour ne rien dire et s'il fait part de son malaise aujourd'hui, ce n'est sans doute pas par hasard, cette sortie médiatique coïncidant avec le décevant début de saison d'une équipe qui pointe après deux journées à un très inhabituel 18e rang avec zéro point au compteur, comme si l'un expliquait l'autre. L'ancien capitaine de l'équipe de France joue même sur la corde sensible lorsqu'il lui est demandé si l'équipe actuelle est loin de celle qu'il imaginait en fin de saison dernière. "Celle que j'imaginais ? Peut-être, oui. Après, ça ne veut pas dire qu'on ne va pas y arriver, mais c'est mon avis sur le plan sportif par rapport aux besoins qu'avait cette équipe et, sans faire de démago, par rapport à ce que le public marseillais pouvait attendre aussi." Le public, si important sur le Vieux Port, aura sans doute compris le message d'un entraîneur qui rêvait d'une pointure internationale (ont été notamment évoqués les noms de Fabiano, Huntelaar, Gilardino...) et avoue finalement une forme d'impuissance: "Un entraîneur est obligé de s'adapter de toute façon, que ce soit à Marseille ou ailleurs, donc je m'adapte. Pour ceux qui pensaient que je décidais de tout, au moins vous aurez ce doute en moins." La venue de Lorient dans les rangs desquels évolue notamment un Kevin Gameiro qui intéresse également l'OM mais pas forcément Deschamps s'annonce assez explosive au Vélodrome...