La dernière ligne droite pour la Coupe du monde est lancée. L'équipe de France va disputer vendredi, contre la Colombie, et mardi, en Russie, ses deux derniers matches amicaux, avant l'annonce, le 15 mai prochain, de la liste des 23 joueurs sélectionnés pour le Mondial. Certains joueurs ont 180 minutes sur le terrain tout au plus (mais sans doute beaucoup moins) et une grosse semaine de stage pour gagner leur place dans le groupe.
"Gagner leur place ? Ils l'ont gagnée aujourd'hui puisqu'ils sont là", a insisté Didier Deschamps en conférence de presse cette semaine, avant d'ajouter : "Ils ont tous intérêt à être performants individuellement et dans le collectif." Europe1.fr a listé les cinq joueurs qui ont "intérêt à être performants" pour espérer être de la campagne de Russie, qui commencera le 16 juin prochain, face à l'Australie.
- Wissam Ben Yedder, un rôle à affirmer
Deuxième meilleur buteur de la Ligue des champions, juste derrière Cristiano Ronaldo, excusez du peu (12 buts contre 8), et auteur d'un doublé face à Manchester United lors du huitième de finale retour la semaine dernière (2-1), Wissam Ben Yedder a logiquement été appelé par Didier Deschamps pour ce rassemblement. "Il a un profil différent, avec de la mobilité, de la vivacité, et il est extrêmement efficace", a souligné le sélectionneur. Le coach des Bleus a également relevé sa "capacité à marquer quand il rentre" en cours de match, "ce qui n'est pas le cas de tout le monde".
Régulièrement remplaçant à Séville, Ben Yedder a effectivement prouvé ces dernières semaines qu'il pouvait être efficace lors de ses entrées en jeu. Et ce fut le cas encore à Old Trafford, où Il avait marqué dès son premier ballon. De ses années de futsal, Ben Yedder a également conservé une rare maîtrise des petits espaces. Ces qualités techniques et son profil de "super sub" en font un spécimen rare en France.
Pour ce rassemblement, il profite aussi de l'absence d'Alexandre Lacazette, blessé. Double buteur avec les Bleus en Allemagne en novembre dernier (2-2), l'ancien Lyonnais connaît une saison difficile à Arsenal. À Ben Yedder d'en profiter et de prouver, aussi, qu'il a appris de ses erreurs du passé niveau comportement. Il était en effet de la virée des Espoirs en 2012, qui lui avait valu un an de suspension de toute sélection nationale.
- Lucas Hernandez, une première à honorer
Avec Ben Yedder, il est le deuxième joueur à ne compter aucune sélection dans les 24 joueurs retenus par Didier Deschamps. Lucas Hernandez, moins connu dans l'Hexagone que Ben Yedder - qui a évolué six saisons à Toulouse -, a été formé à l'Atlético de Madrid et avouait, jusqu'à il y a quelques semaines encore, son attrait pour la sélection… espagnole. "Je ne prends jamais un joueur pour l'empêcher de choisir une autre sélection", a insisté Didier Deschamps, rappelant le règlement que seule une sélection dans un match de compétition, et non amical, permet d'entériner un choix. "Je le prends pour être latéral gauche. En Espoirs, il joue à ce poste-là aussi. Il joue autant défenseur central que latéral, voire plus latéral, avec l'Atlético de Madrid. C'est un jeune joueur mais qui est déjà habitué aux compétitions internationales, il n'arrive pas là par hasard."
Lucas Hernandez arrive chez les Bleus en tant que doublure de Lucas Digne, qui a rarement déçu en Bleu. Sa convocation est aussi un signe fort (et négatif) en direction de Layvin Kurzawa (PSG) et Jordan Amavi (OM), moins performants avec leurs clubs. Mais la présence ou non de Lucas Hernandez au Mondial dépendra sans doute de Benjamin Mendy, titulaire presque indiscutable à gauche, mais victime d'une rupture des ligaments croisés du genou droit en septembre dernier. Il a fait son retour à l'entraînement au début du mois. Suffisant pour être au top en juin ?
- Florian Thauvin, des garanties à apporter
Avec 16 buts et 10 passes décisives toutes compétitions confondues, Florian Thauvin est incontestablement l'homme fort de l'OM cette saison. Mais il n'a pas toujours été au niveau attendu dans les matches importants et ça, aux yeux d'un sélectionneur, ça compte. Interrogé sur l'ancien Bastiais lundi, Didier Deschamps a volontairement élargi le débat : "Ils (les joueurs) ont tous intérêt à donner le maximum, à chaque stage, qu'ils aient quinze minutes, une mi-temps, deux, ils le savent. Mais ça ne doit pas être quelque chose de négatif, je ne veux pas de pression : il faut qu'ils soient en pleine confiance, libérés."
Le problème pour Thauvin est que pour prouver, il faut d'abord jouer. Et ça n'a pas été trop son cas lors des deux derniers rassemblements des Bleus. L'ailier marseillais était apparu un peu plus de dix minutes en tout et pour tout en deux matches, en juin 2017 (contre le Paraguay, 5-0) et en novembre dernier, face au pays de Galles (2-0). C'est chiche et la concurrence en attaque chez les Bleus est terrible. Kingsley Coman et Nabil Fekir, actuellement blessés, mais aussi Dimitri Payet, joueur d'expérience, sont aussi des candidats crédibles s'ils arrivent à retrouver la grande forme avant l'annonce de la liste le 15 mai.
- Benjamin Pavard, un statut à défendre
Il avait été la grande surprise de la liste de Didier Deschamps l'automne dernier. Le jeune joueur du VfB Stuttgart, qui n'a disputé qu'une seule saison avec son club formateur, le Losc, en 2015-16, avait été plutôt convaincant lors de ses deux entrées en jeu au poste de latéral droit, contre Galles et en Allemagne. Mais, à l'époque, le titulaire habituel, le Monégaque Djibril Sidibé, était blessé. Cette fois, c'est Christophe Jallet, touché à un genou, qui est forfait. Difficile de dire donc si Pavard a pris du galon et s'il est désormais le mieux placé pour être la doublure de Sidibé en Russie, même si Didier Deschamps l'a préféré à Mathieu Debuchy pour ce rassemblement. "Je connais bien Mathieu parce qu'il est déjà venu, mais j'ai préféré revoir Benjamin avant la liste du mois de mai. Il a été bon avec nous au mois de novembre", a insisté "DD" lors de l'annonce de la liste.
Par ailleurs, Pavard évolue cette saison en défense centrale avec son club. Un souci ? "On peut se poser cette question, mais pour moi ce n'est pas un problème", a-t-il confié au site goal.com. "Avant, il y avait Lilian Thuram. Lui aussi jouait en défense centrale en club et arrière droit en sélection. Moi, je me sens bien en défense centrale, et je prends plaisir aussi à droite. Donc, pourquoi ne pas faire la même carrière que lui ?" C'est vraiment tout le mal qu'on peut lui souhaiter, Thuram étant le recordman des sélections en équipe de France (142).
- Anthony Martial, un souvenir à raviver
À la différence d'un Florian Thauvin, qui ne compte que deux sélections, Anthony Martial affiche lui 17 capes au compteur. Son expérience est aussi son problème. Il ne compte qu'un but avec les A et n'avait pas du tout convaincu lors de l'Euro 2016, où il avait pourtant eu plusieurs fois sa chance. Plutôt que l'Euro 2016, s'il y a un souvenir à raviver pour Martial, c'est davantage celui du dernier match amical disputé par les Bleus, le 14 novembre dernier, en Allemagne (2-2). Il y avait été étincelant, avec notamment une offrande pour Lacazette.
Avec ce qu'il a déjà montré en Bleu, le joueur de Manchester United, qui n'est pas titulaire chez les Red Devils, part avec une longueur d'avance par rapport aux quatre autres joueurs cités, mais la densité des talents offensifs chez les Bleus ne lui permet sûrement pas de se reposer sur ses lauriers.