Il a été l'un des héros français de l'été. Florent Manaudou, quadruple médaillé d'or lors des championnats du monde de natation à Berlin (50 m, 100 m, 50 m papillon et relais 4x100 m), revient sur ses performances dans Le Parisien magazine en kiosque vendredi. La nouvelle star des bassins évoque notamment les compléments alimentaires qu'il prend dans le cadre de sa préparation. En dehors des traditionnels acides aminés ou barres protéinés, le champion olympique du 50 m confie également consommer de la créatine. "J'ai longtemps cru que cette substance était interdite", explique-t-il. "Mais quand je suis arrivé à Marseille, en 2011, les aînés m'ont dit que c'était autorisé. Alors je m'y suis mis, comme tout le monde."
Pas un produit dopant. Comme le dit Manaudou, la créatine ne figure pas, en effet, sur la liste des produits interdits de l'Agence mondiale antidopage (AMA). "Il fut question à un moment de la mettre de cette liste mais la créatine est difficilement décelable dans le sens où le corps en fabrique", explique le docteur Jean-Pierre de Mondenard, spécialiste du dopage. "Le corps en fabrique et l'alimentation en apporte. Les besoins normaux en créatine sont équilibrés par ces deux mécanismes."
Nutriment apporté par l'alimentation, notamment par les viandes, la créatine permet un surcroît d'énergie sur les efforts "brefs et intenses", précise le médecin. La créatine a fait son apparition médiatique à la fin des années 1990, au moment où les joueurs de rugby de l'hémisphère sud ont développé une impressionnante masse musculaire. Elle s'invita également au procès de la Juventus Turin quand Zinédine Zidane et d'autres joueurs ont avoué en avoir consommé lors de la préparation physique.
Une étude de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments en date de janvier 2001 précise : "les seules allégations bénéficiant de travaux scientifiques significatifs mais montrant des résultats inconstants, concernent les exercices répétés, de haute intensité, durant 15 secondes ou moins". Mais le texte laisse entendre que les effets bénéfiques de la créatine sont exagérés et que ces effets néfastes sur le long terme restent à démontrer.
Mauvaise réputation. Car une grande partie des préparations à base de créatine contiennent des produits interdits, qui gonfleraient ses effets. On a également considéré que la créatine avait des vertus masquantes, ce qui, de l'avis de plusieurs médecins, ne serait pas le cas. Selon le docteur Jean-Pierre de Mondenard, il s'agit surtout d'un "effet médiatique masquant". "Vous pouvez parler de la créatine autant que vous voulez, vous n'êtes pas sous le coup de la législation antidopage. On parle de la créatine et ainsi, on ne parle pas du reste. La créatine est souvent un paravent pour justifier une transformation physique qui peut s'expliquer par l'absotption de produits dopants."
Manaudou a conscience de la mauvaise réputation de la créatine. "Les gens ne font pas la différence avec le dopage", reconnaît-il ainsi. "D'ailleurs, quand je l'ai dit à ma copine que j'en prenais, elle s'est écriée : "mais tu te dopes !" J'ai dû lui expliquer que c'est légal, qu'il n'y a pas de danger. Il y a quinze ans, on ne le faisait pas de "muscu" mais, aujourd'hui, tout le monde en passe par là. On essaie de progresser par tous les moyens autorisés." Y compris la créatine, donc.