À partir de 2024, les Coupes d’Europe de football pourraient subir une évolution inédite. Compétition presque fermée, troisième Coupe d’Europe, le projet initié par l’ECA (l’association des clubs européens), en lien avec l’UEFA, promet de changer profondément le mode de fonctionnement des compétitions européennes. Avec des conséquences directes sur les championnats nationaux. La réforme doit être votée par le comité exécutif de l’UEFA, en 2020.
Ce qui est actuellement en vigueur
Dans la configuration actuelle, le format des Coupes d’Europe est réparti entre deux compétitions : la Ligue des Champions et la Ligue Europa. La première, la plus prestigieuse, rassemble les meilleurs clubs de chaque pays. Depuis 2016, les quatre premiers des championnats d’Angleterre, d’Espagne, d’Italie, et d’Allemagne y sont qualifiés. La France, elle, dispose de trois places. Les deux premiers de Ligue 1 y sont directement qualifiés, tandis que le troisième doit passer par le tour préliminaire. Le nombre de places est déterminé par le coefficient UEFA de chaque pays, calculé en fonction des performances des clubs dans les compétitions européennes.
Une fois les 32 clubs qualifiés pour les phases de groupes, ils sont répartis en huit poules de quatre équipes. Les deux premiers sont qualifiés pour les huitièmes de finale. Les troisièmes sont, eux, reversés en Ligue Europa.
La Ligue Europa est la deuxième compétition européenne. Souvent décrite comme la "petite sœur" de la Ligue des Champions, elle fonctionne sur le même modèle, avec seize clubs supplémentaires. Ainsi, 48 équipes issues des championnats nationaux sont réparties en douze groupes de quatre. Les deux premiers sont qualifiés pour les seizièmes de finale, rejoints par les troisièmes de la Ligue des Champions.
Ce que prévoit la réforme
Le projet initié par l’ECA et l’UEFA bouleverserait le fonctionnement actuel. Ainsi, ce ne sont plus deux, mais trois compétitions européennes qui verraient le jour. La Ligue des Champions se rapprocherait alors d’une ligue fermée. Les 32 équipes qualifiées seraient réparties en quatre groupes de huit équipes. Les cinq premiers de chaque groupe seraient ensuite directement qualifiés pour l’édition suivante, tandis que les sixièmes et septièmes disputeraient un barrage pour s’y qualifier de nouveau. D’une saison à l’autre, on retrouverait donc 24 clubs de l’édition précédente, indépendamment de leur position au classement dans leur championnat national. Les huit places vacantes seraient réparties équitablement entre les demi-finalistes de la Ligue Europa, et quatre champions nationaux. Ainsi, seuls quatre tickets pour la Ligue des Champions seraient distribués par l’intermédiaire des championnats, contre l’intégralité actuellement.
Concernant la Ligue Europa, elle serait réduite à 32 clubs, et fonctionnerait de manière assez simple. Les huit premiers des groupes seraient qualifiés pour les huitièmes de finale, tandis que les deuxièmes et troisièmes disputeraient un barrage pour les rejoindre. Enfin, les instances européennes veulent créer une troisième compétition. Elle regrouperait essentiellement les clubs des championnats moins influents. La France n’y disposerait, par exemple, que d’une seule place.
Ce qui irrite les clubs européens
C’est avant tout la réduction de l’influence des championnats nationaux qui est mise en cause par les dirigeants de clubs. Actuellement, à moins de remporter l’une des deux compétitions, seuls les championnats permettent de se qualifier en Coupe d’Europe. Ainsi, les grandes équipes se concentrent en priorité sur le championnat, afin de se qualifier en Coupe d’Europe, et d’engranger les revenus qui en découlent. Si la réforme était mise en place, à partir de 2024, "le championnat perdrait tout intérêt", rappelle Olivier Létang, le président du Stade rennais, dans L’Équipe. "Cela me paraît complètement impossible à accepter".
C’est dans ce registre que s’est tenue, la semaine dernière, une réunion à la Fédération française de football. Autour de Noël Le Graët, le président de la FFF, se trouvaient des membres des instances européennes, et des présidents de club, l’objectif étant avant tout de défendre les intérêts de la France, déjà bafoués lors d’une précédente réforme, en 2016.
Le nouveau format, qui se rapprocherait d’une ligue fermée, ne séduit pas non plus à l’étranger. Outre-Manche, les clubs anglais se sont opposés à un projet qui "modifierait la compétitivité du football domestique", selon un communiqué de la Premier League. De son côté, le président de la ligue espagnole, Javier Tebas, estime que cela va "tuer les footballs nationaux", dans une interview accordée à L’Équipe.