Adulé ou détesté, Louis Van Gaal est de ces personnages qui ne laissent pas indifférent. Une ambivalence qui s'est confirmée au Bayern, malgré le doublé Coupe-championnat signé la saison passée, sans oublier la finale de la Ligue des champions perdue face à l'Inter. Guère aidé par le rendement moyen de ses joueurs, le technicien néerlandais s'est attiré les foudres de ses dirigeants ces dernières semaines, avant d'être confirmé dans ses fonctions... Le torchon a bien failli brûler ces derniers jours à Munich. Malgré une invincibilité qui court en championnat depuis deux mois et une qualification assurée pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions, le Bayern était en crise. Un état essentiellement lié au début de saison d'un Borussia Dortmund exemplaire, distant de 14 longueurs et donc certainement intouchable, déjà, dans la course au titre - constat forcément frustrant pour le champion sortant. Un état aggravé du reste par les retentissantes sorties médiatiques de Louis Van Gaal, guère flatteuses pour ses joueurs et le tandem Ribéry-Schweinsteiger en particulier. Uli Hoeness, le président du conseil de surveillance, qualifiait ainsi de "one-man show" les élucubrations de son entraîneur, quand Karl-Heinz Rummenigge sommait l'ancien technicien barcelonais de se cantonner à ses compétences, sans se mêler de la gestion du club - une allusion à la revente de "Schweini" suggérée par l'intéressé. Quelques jours plus tard cependant, la brillante victoire des Bavarois sur Francfort (4-1) ayant adouci les moeurs, le président munichois se voulait à nouveau bienveillant à l'égard de son stratège, en conclusion de l'assemblée générale annuelle: "Parfois, ce n'est pas facile avec lui, mais c'est un entraîneur de tout premier plan avec qui nous allons encore remporter beaucoup de titres." En l'espace de 90 minutes - les plus réussies du Bayern cette saison il est vrai - Louis Van Gaal a donc retrouvé du crédit aux yeux de ses supérieurs. "Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Nous ne sommes plus qu'à trois points de la troisième place et cette troisième place, c'est le minimum à atteindre", considérait-il samedi dernier après la démonstration des siens devant l'Eintracht, non sans évoquer à demi-mots ses relations avec les dirigeants du Bayern: "Le plus important, c'est la chimie qui existe avec mes joueurs et mon staff. Et elle est très bonne !" Pas du goût de Kahn Karl-Heinz Rummenigge confirme dans les colonnes du quotidien Bild: "Je sais pour avoir parlé avec nos capitaines Mark Van Bommel, Philipp Lahm et Bastian Schweinsteiger que cela fonctionne entre l'entraîneur et les joueurs, c'est le plus important. Van Gaal n'est pas assis sur un siège éjectable. Nous - et quand je dis nous je parle d'Uli Hoeness et moi -, nous sommes persuadés que c'est un très bon entraîneur et nous voulons traverser cette phase difficile ensemble." En somme, le calme est revenu en Bavière, et il n'y a guère qu'Oliver Kahn pour jeter encore un peu d'huile sur le feu, via le journal munichois TZ: "C'est souvent limite avec Van Gaal: est-il encore marrant ? Il ne faut pas oublier qu'il y a toujours eu des grands entraîneurs au Bayern qui ont eu du succès et remporté des titres. Ce n'est pas une exclusivité." Aux yeux de ses détracteurs, Louis Van Gaal est surtout coupable de ne pas avoir souhaité recruter durant l'intersaison - un choix contestable alors que les stigmates de la Coupe du monde promettaient un début de saison délicat aux Munichois. Pointée comme le point faible du champion d'Allemagne, la défense devrait ainsi être renforcée cet hiver, Domenico Criscito (Genoa) et José Bosingwa (Chelsea) étant notamment pressentis pour rallier la Bundesliga lors de la trêve. Ensuite, Louis Van Gaal, confirmé jusqu'en 2012 en septembre dernier, aura tout le loisir de (re)faire ses preuves...