Ce jour-là, le 22 février 1980, les Etats-Unis affrontent l'URSS lors du tournoi de hockey-sur-glace des JO de Lake Placid, près de New York. Le match paraît déséquilibré : les Soviétiques alignent leur meilleure équipe alors que la sélection américaine est composée de jeunes joueurs universitaires de 19 à 23 ans. L'URSS fait la course en tête, mène 1-0, puis 2-1 et enfin 3-2 dans le deuxième tiers-temps. Mais, portés par la performance de son gardien Jim Craig dans les cages, les Etats-Unis parviennent à inverser le cours des choses dans une patinoire pleine à craquer et devant 15.000 spectateurs bouillants. Mark Johnson égalise au début de la troisième période avant que Mike Euzione ne vienne offrir la victoire aux Etats-Unis (4-3). Le "Miracle sur glace", comme fut surnommée cette rencontre, venait de s'accomplir.
- Jean-René Godard raconte le "Miracle sur glace" :
En pleine Guerre froide, cette victoire de la jeune Amérique contre la puissante URSS a évidemment eu un retentissement politique. En URSS, où le hockey est sport national, cette défaite a été vécue comme une humiliation. Aux Etats-Unis, elle est devenue un symbole. De nombreuses études, de tous types (sportives comme sociologiques), ont été menées sur l'événement, entré dans l'inconscient collectif américain et dans la pop culture. Cette victoire, validée par une médaille d'or décrochée lors du dernier match de la poule finale contre la Finlande, a même été élue en décembre 1999 "exploit du siècle" par l'hebdomadaire Sports illustrated.
Les USA créent la surprise face à l'URSS :
Ce match de hockey marque bien évidemment l'apogée de la rivalité entre les Etats-Unis et l'URSS sur le terrain sportif. Quelques mois plus tard, les Américains boycotteront les Jeux de Moscou, avant que les Soviétiques ne leur rendent la pareille quatre ans plus tard, lors des Jeux de Los Angeles. Lors de leurs retrouvailles à Séoul en 1988, la "Guerre froide" touche à sa fin. Et la politique d'ouverture menée par Mikhaïl Gorbatchev au Kremlin a considérablement réchauffé les relations entre les deux pays, adoucissant par effet domino les rivalités sportives.
>> A LIRE : Quand les Russes boycottaient les Jeux
Mais, dans l'histoire de l'URSS aux Jeux, les oppositions contre les "Yankees" n'ont pas été les seules à sentir le souffre. Sur la glace, toujours, l'URSS s'était inclinée (5-4) face à la Tchécoslovaquie lors du tournoi de hockey des JO de Grenoble, en 1968, en plein "printemps de Prague", qui s'acheva en août avec la répression du pouvoir soviétiques. A l'occasion de ce match de poules, les hockeyeurs de l'URSS concédèrent leur première défaite depuis cinq ans mais réussirent malgré à devenir champions olympiques...
La Tchécoslovaquie réussit l'exploit face à l'URSS :
L'URSS avait connu un autre échec retentissant à résonance politique lors des Jeux d'été de Melbourne, en 1956... En demi-finales du tournoi olympique de water-polo, les Soviétiques sont largement menés par la Hongrie, l'une des "démocraties populaires", quand une bagarre générale éclate dans l'eau. Vexé d'être menés 4-0 et irrité par les provocations des joueurs hongrois, Valentin Prokopov assène un coup de tête à son vis-à-vis, initiant "le bain de sang de Melbourne". "Nous avions le sentiment de ne pas jouer seulement pour nous-mêmes mais pour le pays tout entier", raconta le joueur hongrois Ervin Zador. Quelques semaines plus tôt, l'insurrection de Budapest avait violemment été réprimée par Moscou.
Le match entre la Hongrie et l'URSS tourne au pugilat :
Ce "bain de sang de Melbourne" reste le symbole de la contestation contre le pouvoir soviétique, avec le bras d'honneur du perchiste Wladyslaw Kozakiewicz lors des Jeux de Moscou en 1980. Aujourd'hui, il est difficilement imaginable d'assister à Sotchi à de telles scènes de tensions ou de contestations, en tout cas lors des épreuves. Mais évidemment, le match Etats-Unis-Russie du premier tour du tournoi de hockey aura une saveur particulière. Trente-quatre ans après "le Miracle sur glace", la Russie rêve de prendre sa revanche à domicile...
JEUX A LA RUSSE (2/5) - Quand les Russes boycottaient les Jeux
JEUX A LA RUSSE (1/5) - Russie : la drôle d’aventure olympique